S’il y en a bien un qui n’en a cure des critiques gratuites et infondées contre Woody Allen, c’est bien Woody Allen lui même. Les acteurs et actrices d’exception se bousculent pour jouer dans ses films, et personne ne se pose la question. Si Cate Blanchett, Kate Winslet, Elle Fanning ou Penelope Cruz jouent dans ses films, n’est-ce pas la preuve que le réalisateur ,n’est pas si peu recommandable que ça? Le plus récent de ses films se tient dans la lignée d’Anything Else ou Minuit à Paris, très bavard mais si charmant sous le ciel gris de New York. Les fans adoreront, les autres pourront passer leur chemin. Car s’il n’est pas original, il fait entendre la petite musique du réalisateur, et c’est toujours aussi irrésistible.
Du Woody tout craché
C’est aujourd’hui Timothée Chalamet qui prend la place de Jason Biggs ou Owen Wilson avant lui en jeune freluquet bavard et impertinent, avec toujours un mot pour rire et un mépris inconsidéré pour les gens de sa classe sociale. Il porte l’éternelle veste marron à chevrons si chère au réalisateur, il ne cesse de faire des réflexions culturelles fumeuses et n’est pas satisfait de son existence. L’acteur révélé dans Call me by your name est une parfaite évocation du réalisateur lui-même avec son débit mitraillette et son inimitable sourire pincé aux lèvres. L’histoire est presque secondaire, c’est toujours la même histoire chez Woody, ça bavarde, certains évènements tiennent de la magie pure et de la fantaisie, et ce film s’inscrit dans la veine prestigieuse des comédies du réalisateur. Pas de drame ici comme dans Blue Jasmine ou Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, tout est ici futilité et légèreté. Un couple de jeunes étudiants doit passer un weekend à New York et finit par connaitre des aventures séparément avant de finalement se retrouver. L’intrigue est oubliable et c’est surtout le ton parfaitement allenien avec son avalanche de réflexions mi- humoristiques mi- grinçantes qui donne tout son intérêt au film. Certains doivent se penser que Woody se répète et se répètera toujours, oui, je suis d’accord, mais, et alors? C’est un concept, et à raison d’une fois par an, ce n’est pas cher payé la séance de cinéma.
Elle Fanning est charmante, Timotée Chalamet est badin, la séance est agréable. Pour les chefs d’œuvres, les néophytes pourront se tourner vers Manhattan ou Stardust Memories. Reste un film cent fois plus estimable que n’importe quel blockbuster sans âme. Parce que de l’âme, Woody en regorge à foison.