Chronique : La portée cinématographique de la montagne semble aussi ample que ce décorum même. Si l’on peut rappeler les récents « Sommet des dieux » et « La montagne », « Les huit montagnes » s’inscrit dans cette théorisation de son ancrage naturel dans une réflexion de vie plutôt passionnante. Ainsi, la mise en scène de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen invoque un besoin de retrouver l’être dans l’isolement naturel. Cela se ressentait déjà dans la poésie absurde du film de Thomas Salvador mais ces « Huit montagnes » partent vers un lyrisme environnemental dans une autre direction.

L’histoire se repose ainsi sur des liens familiaux et sentimentaux larges, un besoin de rattachement entre êtres qui s’oppose justement à cette visualisation d’une individualité face à la magnificence naturelle. Le couple de réalisateurs n’hésite pas à appuyer cela par une durée conséquente (2h27) pour mieux y faire respirer la narration et son fond. Les visuels impressionnants s’accumulent mais esquivent l’ostentatoire pour plutôt jouer de la représentation pure et simple de la montagne et de sa puissance picturale. Ces traits d’opposition se retrouvent également dans la caractérisation de Pietro et Bruno pour mieux dessiner un équilibre de monde tout en évitant une redite simpliste de la ruralité opposée aux citadins.

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Drame dont le regard d’homme capte toute la beauté de la nature, « Les huit montagnes » racontent la vie, l’amitié et la mort dans une histoire aussi ample que ses décors. En voilà donc un très beau film qui appelle à un retour au soi et à l’autre à la fois avec une émotivité visuelle particulièrement palpable. Cette sortie physique devrait alors retranscrire, sur plus petit écran, la ferveur sentimentale d’un long-métrage de grande teneur dans tout ce qu’il narre et partage. Partez donc dans ce besoin de découverte pour mieux sortir de ce long-métrage avec l’envie de se laisser emporter par la montagne et tout ce qu’il s’y dessine.

Résumé : Pietro est un garçon de la ville, Bruno est le dernier enfant à vivre dans un village oublié du Val d’Aoste. Ils se lient d’amitié dans ce coin caché des Alpes qui leur tient lieu de royaume. La vie les éloigne sans pouvoir les séparer complètement. Alors que Bruno reste fidèle à sa montagne, Pietro parcourt le monde. Cette traversée leur fera connaître l’amour et la perte, leurs origines et leurs destinées, mais surtout une amitié à la vie à la mort.