A l’heure où Avengers Endgame passe devant Titanic et occupe dorénavant la second place dans le classement historique des plus gros succès au box office (sans tenir compte de l’inflation) avec 2,2 milliards de dollars récoltés en moins de quinze jours, la question se pose: le trône d’Avatar est-il en danger, et où la course aux billets s’arrêtera-t-elle? Evidemment le risque d’accidents industriels n’est pas à exclure, mais vu le calendrier des sorties publié récemment par Disney d’ici 2026, il est probable que la barrière des 3 milliards de dollars pour un film soit atteinte d’ici 7 ans. Pour le meilleur? Et si Disney atteignait une emprise jamais vue auparavant sur le divertissement mondial avec des impacts rédhibitoires sur le niveau des films?
Et à la fin, c’est Mickey qui gagne?
Disney a annoncé une nouvelle trilogie Star Wars entre 2022 et 2026 et l’épisode 9 prévu pour décembre 2019 est attendu comme un évènement mondial. Le cinéma de divertissement a trouvé ses messies avec les héros Marvel et les personnages d’une galaxie très très lointaine, tous rangés derrière la barrière Disney. Entre les animés, les films d’animation issus des animés, Marvel et Star Wars, Mickey sort l’artillerie lourde. Jamais le cinéma n’avait rapporté autant d’argent pour un producteur, et la question se pose du comment. Car au final, un scénario de film Disney suit une logique à chaque fois reproduite. Des héros sans zones d’ombre (et quid de l’alcoolisme notoire de Tony Stark tel qu’évoqué dans les comics Marvel par exemple?), des péripéties riches en effets spéciaux et des happy ends, ça peut devenir un peu répétitif. La vie est quand même un peu plus compliquée que ça. Avengers Infinity War avait le bon gout de faire disparaitre la moitié des super-héros et de faire triompher Thanos, avec une description assez complète du personnage, et le film gagnait une ampleur inattendue. Manque de pot, Avengers Endgame retombe dans les travers habituels des super-héros Marvel maniant un humour lourdaud et des péripéties téléphonées, voilà donc ce qui nous attend? Il faut se rappeler qu’à l’époque d’Iron Man, rien ne laissait présager d’un triomphe aussi total pour Marvel. Robert Downey Jr a donné le ton des équipées Marvel et comme son contrat s’achève, comme celui de Chris Evans d’ailleurs, la fin d’Endgame était plus que prévisible. Il va falloir trouver de nouvelles têtes d’affiche pour continuer à engranger des bons gros dollars.
Un cercle sans fin?
La question primordiale tient à la qualité des films. Car l’humour et l’action ne sont pas des fins en soi, on peut aller au cinéma pour se divertir et s’amuser, mais est-ce bien l’essentiel? L’épisode phare de Star Wars, c’est quand même la révélation du lien entre Dark Vador et Luke Skywalker. Un truc comme ça, on n’en trouve pas tous les jours au cinéma et ça donne une dimension quasiment mythologique à l’épopée de science-fiction. Redonner une dimension un peu adulte aux sagas Disney devient urgent et nécessaire sous peine de tomber dans la décrédibilisation totale. Constater qu’Hulk est devenu un vrai personnage de cartoon et que Thor a été changé en Big Lebowski, ça fait rire deux secondes mais ça montre surtout que tout est possible pour amuser le public, et qu’importe les statuts des héros. D’ici à ce que Dark Vador commence à faire des claquettes dans l’épisode 9, il n’y a qu’un pas. La démythification est en marche, et le divertissement va peut être tuer l’image des héros. Tout sera nivelé vers le bas et il n’y aura rien d’autre à faire que rire. Bref, pas forcément une issue qui fait plaisir pour qui a vécu avec l’image d’héros complexes et valeureux.
Le dollar est-il soluble dans des films de qualité? Les super héros sont devenus des gros rigolos qui défoncent tout entre deux vannes. Le public ciblé est évidemment le plus prescripteur en matière de blockbusters, les adolescents, les studios acceptent de se mettre à leur niveau et tant pis pour les autres. L’avenir dira.