La série culte Breaking Bad avait fait ses adieux grâce à une deuxième partie de la dernière saison très sombre, avec en apogée les désormais célèbres Ozymandias et Felina, respectivement antépénultième et ultime épisode de la série, d’une grandiose noirceur.
Six ans plus tard, Vince Gilligan a tourné et monté dans le plus grand secret El Camino, annoncé comme la dernière conclusion à la série. Après un tel final, restait-il réellement quelque chose à dire ? Tantôt présenté comme un hommage sympathique et efficace à Breaking Bad, tantôt comme une suite inutile et essoufflée, que vaut vraiment El Camino ?
Jesse Pinkman en mille morceaux
El Camino débute exactement là où s’arrêtait Breaking Bad : Jesse Pinkman, après des mois de captivité, s’évadait de sa geôle. Le film de Vince Gilligan va alterner entre scènes de traque, tentative de retrouver une vie décente et de multiples flash-backs dans lesquels nous retrouverons certains anciens personnages clés de la série.
Aaron Paul interprète avec justesse un homme brisé qui va tenter de se réapproprier son corps, sa vie et ses souvenirs. Si l’on retrouve avec plaisir ses deux anciens comparses Badger et Skinny au cours d’une scène plutôt émouvante, l’avalanche de personnages secondaires que l’on retrouve prend vite la forme d’un fan service parfois vite expédié. Par-ci, par-là et sans réelle cohérence, on croise l’homme de main Mike Ehrmantraut, l’ancienne petite amie Jane et bien d’autres. Certains flash-backs parfois peu subtils semblent n’avoir été mis en scène que pour évoquer la nostalgie chez le spectateur.
Certains tirent cependant leur épingle du jeu. On croise un dernière fois l’affreux Todd Alquist (Jesse Plemons) qui reste aussi glacial et crédible malgré vingt bons kilos en trop par rapport à ses dernières apparition dans la série. El Camino est aussi l’occasion de dire adieu à Robert Forster, qui aura eu le temps de tourner ses scènes avant de décéder quelques semaines plus tard.
Pas de véritable rythme ni de fil conducteur
Le principal défaut d’El Camino est que le film ne narre réellement aucune histoire. Entre certains flash-backs faciles alourdissant le récit et l’histoire décousue de Jesse Pinkman tentant de s’acheter une nouvelle vie, jamais le spectateur n’est captivé ni happé dans l’histoire.
Contrairement à l’imparfaite mais néanmoins captivante préquelle Better Call Saul, jamais El Camino n’arrivera à retrouver l’intensité dramatique ni la noirceur de Breaking Bad et ne choque ni n’émeut jamais vraiment. On peut néanmoins signaler quelques scènes de tension bien enlevées montrant que Vince Gilligan n’a pas perdu son talent pour faire grimper l’angoisse et le stress.
Enfin, même si Aaron Paul livre une prestation sans fausse note, son personnage n’a ni le charisme ni l’intelligence d’un Walter White ou d’un Saul Goodman, ce qui a probablement conduit les scénaristes à étoffer l’histoire à l’aide des quelques artifices cités plus haut.
Une conclusion molle et dispensable
Enfin, El Camino s’achève en forme de demi happy-end, ne sachant jamais vraiment trouver sa place. Vince Gilligan aurait parait-il tourné une fin alternative réservant une fin beaucoup plus sombre à Jesse Pinkman ; le film aurait peut-être gagné en intensité avec une telle conclusion.
El Camino est donc une suite un peu terne qui ne rend pas justement hommage à Breaking Bad. Heureusement, quelques scènes bien tendues et les interprétations impeccables d’Aaron Paul et Jesse Plemons parviennent à rendre le film largement regardable. On ne peut s’empêcher de voir El Camino comme une suite superflue qui ne réussira jamais à rappeler la grandeur passée de son glorieux ainé.