Il y a quelques années, je me suis juré de ne plus regarder trop de séries après des années de bing watching. Trop de temps passé à attendre de bons moments au milieu de beaucoup de remplissage, c’est usant. J’ai adoré Breaking Bad ou Game of Thrones, mais certains épisodes sentent bon le remplissage hélas, avec beaucoup de rien et parfois un ennui profond. Toutes les séries ne sont pas aussi constantes que la saison 1 de True Detective. La dernière série vue a été Tchernobyl, un vrai choc, j’ai cédé aussi au très beau Unorthodox, et voilà que la controverse En Thérapie a attiré mon attention, pour le meilleur.
Une série hyper réaliste
Le pitch est hyper réaliste. Un psychothérapeute reçoit des patients sur le canapé de son cabinet pour des séances d’écoute et d’analyse. Beaucoup de plans fixes sur des visages, des déclarations, de la tension, chaque épisode dure de 20 à 30 minutes (pour 35 épisodes). Pas d’effets spéciaux ni de coups de feu, oubliez les cascades, juste des acteurs et actrices qui parlent. Les visages tiennent la place première pour transmettre les émotions et les doutes. Et il faut justement de très bons acteurs et actrices pour réussir à captiver sans ennuyer. La réalisation privilégie l’épure et Frédéric Pierrot en psy refait le coup de La guerre est déclarée en réussissant à garder le bon niveau de mesure face à des patients jamais simples à appréhender. De fait, il est l’argument principal de la série. Avec son air de Droopy, il hypnotise le spectateur et personnifie l’esprit en action. Ses patients recherchent des réponses et ne se confient pas par hasard, ils craignent l’arnaque et la stérilité d’un temps passé à s’épancher pour rien. Le thérapeute ne fait rien pour les rassurer, il parle peu, mais il parle juste. Ce qui est d’autant plus savoureux que les cas sont pour la plupart choisis pour leur énormité. Je ne spoilerai pas, mais il faut savoir garder le sens de la mesure pour ne pas se laisser submerger par l’émotion face à certains cas. Face à certaines caricatures – il faut bien ça pour porter un scénario et titiller le spectateurs – le thérapeute fait son métier et on peut sentir les doutes qui le submergent sous l’armure. Il a beau invoquer Freud ou Lacan, c’est un être humain qui doit gérer des émotions humaines, les siennes et celles des autres. Chaque épisode est suffisamment court pour devenir dense et l’époque choisie, l’automne 2015 après les attentats du Bataclan, donne à la série un enjeu suffisamment fort pour planter le décor.
En résumé, j’en suis à l’épisode 13, mais chaque épisode me stupéfie par sa pertinence. Les êtres se dévoilent, les cas de figure se multiplient, et puis cette justesse… bref, je ne saurais que vous conseiller cette série made in France!
Synopsis: Paris, automne 2015. Philippe Dayan reçoit chaque semaine dans son cabinet à deux pas de la place de la République, une chirurgienne en plein désarroi amoureux, un couple en crise, une ado aux tendances suicidaires et un agent de la BRI traumatisé par son intervention au Bataclan. A l’écoute de ces vies bouleversées, le séisme émotionnel qui se déclenche en lui est sans précédent. Pour tenter d’y échapper, il renoue avec son ancienne analyste, Esther, avec qui il avait coupé les ponts depuis près de 12 ans.