Toute l’équipe de Culturaddict réclamait un triomphe pour Au Revoir là-haut à la cérémonie des César 2018. Car le film est appelé à marquer non pas l’année 2017 mais la décennie cinématographique toute entière. Si ce ne fut pas le triomphe attendu, le film a tout de même remporté 5 statuettes amplement méritées, dont celles du meilleur costume, des meilleurs décors, de la meilleure adaptation et surtout du meilleur réalisateur. Je ne savais pas que le film recevant cette dernière ne pouvait pas recevoir le César du meilleur film, question de règlement. C’est en tout cas une récompense 100 fois méritée pour Albert Dupontel tant son film est un ravissement pour les sens, titulaire du premier label Culturaddicted de l’histoire! Certes 120 Battements par minute est le grand gagnant de la soirée mais ce n’est pas une razzia non plus, meilleur film certes mais pas non plus un plébiscite inconditionnel, il y a eu de la place pour d’autres films. Aux côtés des deux mastodontes aux 13 nominations, 2 films se sont distingués.
Les surprises Petit Paysan et Barbara
Le petit film Petit Paysan a raflé 3 récompenses majeures, dont celles du meilleur acteur pour Swan Arlaud et de la meilleure actrice dans un second rôle pour Sara Giraudeau. C’est mérité pour un petit film sensible et émouvant qui parle simplement de la réalité sans détours et des noeuds au cerveau que peut produire un sort contraire. Deuxième surprise, Barbara qui rafle les trophées de la meilleure actrice pour une Jeanne Balibar habitée par son rôle, ainsi que le trophée du meilleur son. Plutôt que de raconter frontalement la vie et la carrière de l’illustre chanteuse, Mathieu Amalric a fait le choix de la mise en abime et bien lui en a pris tant le film révèle d’une indicible magie. Entre l’actrice qui joue Barbara devant la caméra d’un réalisateur transi par la comédienne et la chanteuse, les niveaux de lecture se multiplient et le spectateur aime à se perdre dans ce méandre de sentiments.
Une cérémonie longue mais plaisante
3h15 de cérémonie, c’est toujours trop long mais ce ne fut pas désagréable pour autant. Manu Payet a fait le job avec quelques moments d’humour bien sentis malgré un moment initial de comédie musicale plutôt incongru; Il faut que les français arrêtent de vouloir à tout prix copier les américains car ils sont inaccessibles, il faut varier et faire preuve d’inventivité. Mention spéciale pour l’intervention débridée de Monsieur Poulpe, un peu d’irrévérence était la bienvenue. Restent ces très nombreuses longueurs, ces moments un peu plats où les remerciements s’éternisent sans que personne n’y fasse vraiment plus attention. Pareillement, le moment de gloire de Penelope Cruz était sympathique mais tellement long et rébarbatif… Les César sont une cérémonie imparfaite qui ne vaut d’être vue en entier que pour les 5 récompenses majeures décernées à la fin. Mettez les au début et l’audimat tombera automatiquement en flèche…
Beaucoup clamaient que les César étaient un système vendu aux producteurs et le lieu privilégié de copinage, le palmarès semble montrer que cette accusation a eu du plomb dans l’aile, au moins pour cette année. En multipliant les films primés, le palmarès met tout le monde d’accord. Et c’est très bien comme ça.