S’il y a un paradoxe intéressant dans le milieu du divertissement, c’est celui du film familial . En effet, on reproche à beaucoup d’être infantiles tout en ne mettant jamais en avant ceux qui tentent de sortir de ce carcan. Pire, certains trouvent que l’excuse du film destiné aux enfants justifie une œuvre médiocre alors que c’est une période importante dans sa construction culturelle. Si l’on ajoute à ça l’origine de production (cette loi disant que tout film français est invariablement mauvais alors que cela n’est dû qu’à la mise en avant des distributeurs de productions médiocres au vu de leur succès), il faut bien avouer que notre film du jour mérite d’être mis un peu plus en lumière.
Jack est né le jour le plus froid du monde, ce qui a provoqué le gel de son cœur. Il voit celui-ci remplacé alors par une horloge et sa vie régie par trois règles : ne pas toucher à ses aiguilles, contrôler sa colère et surtout ne jamais tomber amoureux. C’est alors qu’il rencontre Miss Acacia…
Un visuel charmeur
Mathias Malzieu, connu sous le nom de Dionysos, adapte ici son roman au succès populaire (mais pas lu par l’auteur au moment d’écrire ces lignes donc je ne ferais aucune comparaison entre les deux et suis ouvert aux tomates pourries). Le résultat est visuellement marqué, rappelant des univers macabro enfantin comme dépeints chez Tim Burton et Guillermo Del Toro. Ainsi, le récit n’hésite pas à passer par des moments plus durs ou même dans une forme d’horreur visuelle, notamment dans la scène du train animé par le regretté Alain Bashung en Jack l’éventreur. C’est même l’un des gros avantages du récit : son aspect visuel assez poétique collant tout à fait à l’intrigue qui nous est narrée.
Réalité médicale
En effet, difficile de ne pas voir en Jack une allusion à un jeune garçon cardiaque et en ce monde un aspect de refuge à ce drame réaliste. Les difficultés qu’encoure notre héros suite à son handicap ne sont jamais aseptisées, confrontant les enfants à un malheur quotidien chez de nombreuses personnes. Néanmoins, il y a une forme de romantisme qui se dégage également, notamment lors de la rencontre avec Miss Acacia dans un sommet de poésie inoubliable. Cet amour franc et ardent se verra marqué par des allusions sexuelles à peine dissimulées dans ses chansons.
Jack et la mécanique du cœur est donc un film d’animation français qui mériterait d’être un peu plus mis en avant par sa représentation de la vie d’une personne cardiaque, de manière poétique et émotive mais néanmoins mélancolique (cette sortie de champ finale) et surtout s’adressant aux enfants avec respect. Bref, ça sera toujours mieux que Kev Adams avec une flûte dans le derrière…