Les films retraçant l’éprouvant souvenir de la Shoah sont légion. La liste de Schindler, Le Fils de Saul, La vie est belle, avec l’horreur spectaculaire pour le premier, la vie quotidienne à l’époque des camps pour le second, la mise à distance tragicomique pour le 3e. Le rapport Auschwitz part des récits de 2 survivants slovaques échappés des camps pour construite un film clinique et chirurgical. Une fois le terrible périple terminé, les 2 amis doivent faire face au scepticisme ambient et convaincre. Le terrible récit de l’horreur est-il seulement possible? Plus de 70 ans après, la question taraude encore trop de gens. Oui, l’horreur a été possible, le film la raconte froidement dans toute son ampleur sordide.
Un camp de sinistre mémoire
Le film prend pour point de départ les récits de Alfred Wetzler et Walter Rosenberg, connus sous le nom de Rudolf Vrba. Chacun a écrit sur son expérience vécue à Auschwitz et le réalisateur a surtout utilisé le récit de Wetzler, Escape from Hell.Pas de grande fresque haletante et spectaculaire, juste des anecdotes parcellaires pour mieux comprendre l’existence dans un camp comme celui-ci, à base de souvenirs réellement vécus. L’ouvrage livre un témoignage poignant qui a permis de sauver les Juifs de Budapest sur le point d’être déportés vers la mort. Plusieurs moments se succèdent dans le film. D’abord le camp, avec des soldats allemands névrosés, hantés par le décès de leurs proches sur le front russe et décidés à se venger sur les prisonniers. Puis la fuite désespérée à travers les forêts hostiles, rendue possible par le soutien de quidams incapables de ne rien faire. Et puis à la fin les témoignages, mis en doute par ceux qui, sûrs de leur fait, croient avoir contribué au bien-être des prisonniers dans les camps. Il faut toute la force de dissuasion désespérée des 2 amis pour faire chavirer l’esprit de leurs contradicteurs. Le film est censé de dérouler en 1944 et le scepticisme est à son comble. Alors que dire aujourd’hui…
Le temps qui passe ne fait qu’élargir le fossé entre aujourd’hui et cette époque. Le rapport Auschwitz est une pièce de plus pour ne pas laisser oublier l’incompréhensible avec sa froideur ultra réaliste, cette économie de paroles et cette impression glaçante sur les spectateurs que l’oubli n’est vraiment pas possible.
Synopsis: Déportés à Auschwitz en 1942, deux jeunes Juifs slovaques réussissent à s’enfuir le 10 avril 1944. Leur but : révéler au monde ce qui se passe dans les camps de la mort, et tenter de sauver des milliers de vies. Mais leur récit paraît tellement invraisemblable que les Alliés risquent de ne pas y croire.