Le mercredi 28 février dernier se tenait à Nantes, au Ferrailleur, l’un des concerts que j’attendais le plus, si ce n’est celui que j’attendais le plus : IN VAIN + ORPHANED LAND. A cette occasion, In Vain a eu la gentillesse de m’accorder une interview que je vous partagerai en suite d’article. Commençons donc par les concerts.

Ne connaissant que peu les autres groupes, et étant venu principalement pour In Vain, j’aborderai brièvement leurs performances. Il est 20h15, et la soirée commence avec Aevum, groupe de Metal Symphonique. Si la mise en scène est particulièrement bien réussie, la qualité des compositions m’a cependant un peu laissé sur ma fin. Si la chanteuse a une voix immense, digne d’une Tarja Turunen (Nightwish), les enchaînements harmoniques sont trop simples à mon goût, me faisant parfois penser à du mauvais Power Metal. Et ce malgré quelques moments de grâce absolue, telle cette danseuse incarnant plusieurs personnages au fil des chansons, et quelques passages musicaux bien au-dessus du reste. Un concert sympathique donc, mais qui ne sera pas inoubliable.

Après un court entracte, vient sur scène Subterranean Masquerade, groupe de Metal Progressif (que je recommande par ailleurs). Si les soucis techniques du début du concert sont regrettables, heureusement le chanteur est là pour assurer le show et faire patienter le public avec un humour des plus plaisants. Vient enfin le début du concert, avec ce qu’il faut de richesse musicale, et de présence scénique également. Le tout s’enchaîne linéairement, c’est un régal ! Le chanteur capte l’attention, sa façon de se déhancher et de se déchaîner sur scène est unique. Peut-être qu’en final, la reprise de Space Oddity de David Bowie aurait été la bienvenue, mais ne boudons pas notre plaisir, car ce fut malgré tout un bien beau concert.

Pour le groupe suivant, je vais faire un écart chronologique, je vais donc parler de Orphaned Land, dernier groupe de la soirée. Si depuis peu, j’ai pas mal écouté le dernier album « Unsung Prophets & Dead Messiahs« , j’ai en revanche peu écouté les albums précédents. De fait, j’ai particulièrement bien retenu les chansons du dernier album jouées ce soir-là. L’ouverture avec The Cave, 1ère piste du dernier album, convient à merveille. Cette chanson donne le ton du concert : on aura droit à des moments tragiques et des moments de fête, comme Kobi Fahri, le chanteur, l’a si bien précisé. Je retiendrai pour ma part les chansons We Do Not Resist, Like Orpheus, Ocean Land, et Let the Truce Be Known, qui ont eu un impact particulièrement important durant le concert pour moi. C’était à la fois une fête et une réunion de révolutionnaires, les textes engagés politiquement côtoient les chants de fête. C’était bien là la force de ce concert, somme toute idéal pour clôturer la soirée.

 

Voici donc venu le tour de In Vain. Pourquoi choisir d’en parler en dernier ? Parce que j’aurais aimé qu’ils clôturent la soirée. J’établis donc volontairement une soirée concert idéale (selon moi), avec ces 4 groupes. Mais les évènements en ont décidé autrement, soit. La soirée commence avec Against the Grain, 1ère chanson de l’album Ænigma, sorti en 2013. On ne pouvait rêver mieux comme début de concert ! Musicalement, le groupe aime enchaîner les genres entre eux. C’est parfois surprenant, mais ça fonctionne toujours. Sur scène, le groupe le retranscrit mieux que nature.

Ensuite, place à une chanson du dernier album, Origin (dont j’ai fait une critique). Les musiciens sont habités par leur musique, ils vivent ce qu’ils jouent et on partage cet instant avec eux. Chanson qui fonctionne très bien en live, mais qui aurait peut-être gagné à être inversé avec la chanson suivante de la liste, Seekers of the Truth. La chanson d’ouverture du dernier album est un bonheur à voir en live. C’est énergique, catchy comme il faut, les musiciens prennent un plaisir fou à la jouer, et ça se voit !

Place ensuite à une chanson plus vieille, October’s Monody, issu de leur 1er album, The Latter Rain, sorti en 2007. Vous pourrez lire plus bas, dans l’interview, que cette chanson figure parmi les préférées du groupe lorsqu’ils la jouent en live. Force est de constater que c’est véridique ! Le mélange des genres ici est poussé dans ses retranchements, on passe d’une intro bien typiquement progressif à une section black des plus prenantes ! Le groupe enchaîne les genres, les postures, sans jamais faire semblant ou n’être qu’une pâle copie de groupes, et c’est peut-être bien là qu’on se rend compte de toute la palette de talents du groupe.

La piste suivante nous emmène sur les traces de leur 2ème album, Mantra, avec la chanson d’ouverture Captivating Solitude, qui étrangement aurait pu faire une parfaite fin de concert, tant cette chanson est mélancolique et douce, malgré les riffs très accélérés et la puissance de cette chanson dans son ensemble.

Après ce beau moment, il est temps de revenir à quelque chose de plus brutal à prime abord, avec la chanson Blood We Shed, issu du dernier album Currents. Le début de la chanson est brutal, bien rentre-dedans, on est dans du Death Metal classique, mais diablement efficace. Plus brutal à prime abord ai-je dis, mais avec In Vain, hors de question de s’enfermer dans un genre, la suite de la chanson nous emmène dans une partie progressive particulièrement joyeuse, semblable à du Dream Theater de la grande époque, avant d’entamer un chant mélancolique à souhait. On ne sait pas sur quel pied danser, mais ce n’est pas grave, celles et ceux qui connaissent le groupe pouvait largement s’en douter.

Le final arrive, avec la chanson Image of Time, 2ème piste de l’album Ænigma. Une fin d’abord assez surprenante, en tout cas à mon avis. Celles et ceux qui suivent bien mes publications sur facebook savent que ma chanson préférée du groupe est Floating on the Murmuring Tide, et que j’aurais adoré voir en final. Mais le groupe étant limité par le temps, ici, la chanson Image of Time fait office de superbe final, la modulation de fin de chanson aidant beaucoup, mais pas que. A l’image du dernier album, ce concert est un concentré de tout ce que sait faire de mieux In Vain, et ce avec un laps de temps au final assez réduit (pas plus de 50 minutes). Encore une fois, la fin, mélancolique à souhait, fait office de parfaite clôture de chanson et de live.

Pour conclure, ce fut donc une soirée exceptionnelle, avec un léger bémol pour le premier groupe, Aevum, mais que les autres ont largement rattrapé. Des groupes proches de leur public, des chansons de qualité magnifiquement interprété, on ne demande pas mieux d’un live ! Quand de plus In Vain demande une interview suite à une critique qu’on a pris plaisir à écrire, la soirée ne peut pas être plus belle. Voici donc cette interview que voilà.

Interview : IN VAIN, ou l’importance de l’éclectisme

Après une critique, une demande d’interview, 3 semaines de préparations, et 2 heures de route, me voilà donc arrivé au Ferrailleur, à Nantes, en ce mercredi 28 février 2018, pour interviewer un des groupes que j’aime le plus au monde : IN VAIN. Peu avant 19h, l’un des guitaristes, Johnar Hådland m’accueille, ainsi que Kjetil Pedersen, l’autre guitariste. Me voilà placé au bar de la salle de concert, en compagnie des 2 guitaristes, d’un petit fond de musique et d’un micro.

 

Culturaddict : Merci de me recevoir ! Première question : comment avez-vous créé le groupe ?

Johnar : Vous voulez la version courte ou longue ?

Culturaddict : Comme vous voulez !

Johnar : Le groupe a démarré en 2003, j’étais étudiant en école de musique, et chacun dans la classe devait enregistrer une chanson dans les studios de l’école. Et j’ai pensé qu’on pouvait essayer d’enregistrer une chanson metal, juste pour le fun, parce que j’ai un ami, Andreas (Frigstad – le chanteur), qui était déjà fan de metal depuis de nombreuses années. On n’arrêtait pas de plaisanter sur le fait de démarrer un groupe de metal. Donc j’ai écrit une chanson, il a écrit des paroles, cette chanson s’appelle « As I Wither ». Cette chanson a fini par apparaître à la fois sur notre 1er EP (Will the Sun Ever Rise?, 2004), mais aussi sur notre 1er album (The Latter Rain, 2007). Je suis assez content de cette chanson, en y repensant. Pendant qu’on l’enregistrait, j’ai pensé à introduire plus de chant. On a invité Sindre (Nedland – Chant), et on était plutôt satisfait de la tournure que ça prenait. On est donc parti pour le studio l’été suivant pour enregistrer notre 1er EP. C’est donc Andreas, Sindre et moi qui avons créé le groupe. Et c’était une sorte de coïncidence qu’on ait démarré le groupe ainsi : j’étais encore étudiant, c’était en quelque sorte mon 1er projet, avec une 1ère chanson à enregistrer…

C’est comme ça que tout a commencé, on a eu pas mal de retours positifs sur notre EP. A l’été 2005 on a enregistré notre second EP (Wounds, 2005), on a signé chez Indie Recordings et depuis on a réalisé 4 albums. Entre temps Kjetil nous a rejoints en 2009.

Kjetil : En 2009 je pense. On avait un bassiste (Kristian Wiktsøl), un batteur (Stig Reinhardtsen), qui nous ont rejoint 2 ans après…le batteur est devenu un des principaux membres, jusqu’à ce qu’il nous quitte. Depuis Alex (Alexander Bøe) est devenu le bassiste et Tobi (Tobias Solbakk) est devenu notre batteur.

Culturaddict : est-ce que vous avez des influences dans votre façon de composer ?

Johnar : Beaucoup ! J’écoute tous genres de musique, de la musique metal la plus extrême à de la musique vraiment calme, tout est entre les 2. Si je peux dire : je pense qu’il est difficile de mentionner un groupe spécifique parce que je ne peux pas vraiment identifier. Mais je développe des thèmes pour le groupe, les groupes qui m’influencent le plus au fil des années sont des groupes ayant une forte identité, du caractère, ou qui ont une certaine originalité, leur propre voix, qui ont quelque chose d’unique. Ça peut être n’importe quel genre, mais parmi les groupes que je préfère écouter (et il y en a beaucoup), en metal ce sont : In the Woods, Emperor, Opeth, Extol, Shai Hulud…c’est un groupe de hardcore, mais ils sont vraiment doués.

Kjetil : Il y a eu différents sortes de formations avant d’arriver au metal. Des groupes comme Opeth et Emperor sont des sources d’inspirations musicales. Et le fait de mélanger les parties extrêmes et les parties progressives, les ambiances plus légères…je pense qu’on peut comparer toutes ces parties.

Culturaddict : Après Ænigma, de quelle façon avez-vous préparé l’album, quel était le contexte de composition ?

Johnar : Après Ænigma, nous avons entamé une tournée de 2 ans. Durant tout ce temps, nous n’avons pas du tout composé ou presque. C’est difficile à dire, mais il me semble qu’on a recommencé à composer en 2014. Si par le contexte vous vouliez dire comment il a été fait, j’ai composé seul chez moi, dans mon studio. J’ai écrit les chansons et les ai beaucoup développés. J’ai passé beaucoup de temps sur les rails, du coup j’ai essayé de faire correspondre les paroles avec les chansons. Ça m’a pris du temps, mais Sindre m’a assisté et aidé dans le processus. On a beaucoup travaillé sur les voix en pré-production, on a enregistré toutes les chansons en version démo, avec un batteur de session, mais aussi les guitaristes, les chanteurs…on les enregistré de nouveau après une 1ère pré-production, je me suis occupé des guitares, Alex de la basse, Skjetil des solos…puis on a enregistré toutes les voix et tous les solos au studio, ainsi que la batterie. Jens Bogren a mixé l’ensemble.

Kjetil : C’est un long processus. Il y a beaucoup d’étapes entre les idées de base et le produit final, on a dû passer par beaucoup de phases de réécriture et de développement avant de trouver le produit final. C’est un long suivi.

Culturaddict : est-ce que vous participez tous à la composition, à la pré-production ? Ou il n’y a qu’un seul compositeur principal ?

Johnar : Personne dans le groupe ne s’occupe de la composition. En revanche, ils décident de quelle façon ils vont les jouer. Le bassiste compose ses propres lignes de basse, mais il participe à l’écriture des chansons. J’écris toutes les paroles, je les conçois comme des chansons complètes. Par exemple, j’ai des idées pour les lignes de basse, mais je lui ai dit : « Tu es libre de les jouer comme tu le souhaite », aussi longtemps qu’il participe à la musique bien sûr. Skjetil joue ses propres solos, Andréas et moi réécrivons beaucoup de paroles ensemble, j’ai pas mal d’idées pour les voix, pour certaines d’entre elles on les écrit tous les 2. Je compose toutes les mélodies, mais chaque membre y ajoute sa propre personnalité dans son jeu.

Kjetil : Johnar est le compositeur principal, mais avec le reste du groupe on contribue en faisant ce qu’on sait faire de mieux. Les chansons sont déjà préparées mais on y ajoute notre touche personnelle dans le travail qu’on fait.

Culturaddict : Comment avez-vous choisi le thème de l’album ?

Kjetil : Le thème est venu au fur et à mesure que j’écrivais les paroles, j’ai fini par trouver un fil conducteur entre certaines des paroles. On a fini par trouver le nom de l’album, on a eu la jaquette qui représentait parfaitement cette masse de personnes en mouvements au milieu d’immenses vagues. Je pense que le thème s’est imposé de lui-même, de par ce fil conducteur entre les morceaux et les paroles. On a fini par le faire comme ça, ce n’est pas vraiment un album concept, mais il y a un thème évident. Une grande partie des paroles représentent le thème sous plusieurs angles.

Culturaddict : Comme un fil rouge ?

Johnar : Pas pour toutes les chansons, mais plutôt un thème commun oui. C’est plutôt cool d’avoir un titre, un sujet, et une jaquette liés entre eux, c’est ce que nous avions essayé de faire.

Kjetil : Je pense que c’est important pour l’album. Ce n’est pas une collection de 9 chansons à elles seuls, c’est vraiment une connexion entre elles qui donnent à l’album cette identité. Vous pouvez être en train d’écouter une chanson et vous dire : « Oui, c’est Currents« , peu importe la chanson, vous saurez que ça vient de cet album.

Culturaddict : Comment avez-vous convaincu Baard Kolstaad (Leprous) de vous rejoindre sur cet album ?

Johnar : Nous ne l’avons pas convaincu.

Kjetil : Nous l’avons payé ! (rires)

Johnar : Il était un musicien très occupé. Je dois revenir un peu en arrière, quand il a fait sa toute 1ère tournée européenne avec nous, en 2013. Il était un batteur de session, et il a beaucoup joué pour nous. Par la suite il est devenu un bon ami à nous, et il a fini par jouer plus que notre batteur principal (Stig Reinhardtsen), qui était très occupé par le travail. Par la suite Stig a été forcé de quitter le groupe pour des raisons personnelles, il ne le voulait pas au départ, mais il a dû le faire malheureusement. Le choix semblait donc évident, vu qu’il (Baard) avait beaucoup joué avec nous. C’est quelqu’un de très professionnel, nous l’avons écouté, nous l’avons payé. Mais nous n’avons pas eu à le convaincre, il nous a dit oui immédiatement.

Culturaddict : Au final, êtes-vous satisfait de l’album tel qu’il est ? Ou auriez-vous fait quelque chose différemment ?

Kjetil : C’est une question difficile mais…j’aime l’album tel qu’il est, je pense qu’il sonne vraiment bien, les chansons sont bien construites. Vous pouvez également trouver des petits détails et vous dire: « ah, ok, peut-être qu’on aurait pu aborder ça différemment ». Mais nous sommes satisfaits de l’album dans son ensemble. Il y a 2 versions différentes : celle avec 7 chansons et l’autre avec 9. Nous sommes satisfaits de cette solution, mais il y avait aussi la décision du label de créer une édition spéciale de 9 chansons. Nous sommes satisfaits de ces 2 chansons également, elles auraient pu être incluses dans la version standard de l’album à mon avis.

Culturaddict : J’ai écouté l’édition deluxe la semaine dernière, lorsque vous l’avez mis en ligne sur Spotify.

Johnar : Je ne pense pas qu’il aurait fallu faire une édition, cela aurait créé trop de confusion. Par rapport aux chansons en elles-mêmes, si je devais faire un changement par rapport à la production…je ne pense pas que je devrais en faire, parce qu’on en a fait suffisamment en pré-production, du coup je ne peux pas penser à quelque chose qu’on aurait pu changer. Enfin…peut-être quelques parties un peu courtes qu’on aurait voulu répéter, des petites choses comme ça, mais pas de changements majeurs.

Culturaddict : C’est justement mon opinion par rapport au final Standing on the Ground of Mammoths. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Floating on the Murmuring Tide, où le final était vraiment intense, et je pense que c’est ce qu’il manquait à la fin de la chanson, peut-être quelques secondes supplémentaires. Mais elle est quand même fantastique !

Johnar : Vous voulez parler du solo de guitare ?

Culturaddict : Oui !

Kjetil : Mais on ne voulait pas faire trop de solo à la fin.

Johnar : Pour être honnête, on a eu un fondu à la fin au départ. Je vois ce que vous voulez dire, pour Floating on the Murmuring Tide on a un long fondu à la fin, on aurait pu faire la même chose. C’est bien de le mentionner !

Culturaddict : Depuis Ænigma, vous mettez des chansons bonus en plein milieu de l’album, et non à la fin. Comment avez-vous eu l’idée ? Ce n’est pas commun !

Johnar : Je pense que pour Ænigma il n’y avait pas vraiment de chansons bonus, Rise Against est seulement sur la version physique, pas la version digitale, en milieu d’album il me semble. On a fait de cette manière parce que pour convaincre les gens d’acheter la version physique, on a enregistré cette chanson comme une chanson bonus. Je ne sais pas vraiment si on devrait l’appeler tel quelle, parce qu’elle fait néanmoins partie intégrante de l’album : on ne la voulait peut-être pas forcément au départ, mais au final elle en fait partie. Cela se fait surtout lors des balances de l’album.

Kjetil : C’est un bon point. Ces chansons sont mis sur un pied d’égalité avec les autres chansons de l’album, ce n’est pas laissé de côté comme il (Johnar) dit. Quand on les mets au milieu de l’album, elles sont incluses dans son identité, elles ne sont pas conçues comme des chansons bonus qu’on peut enlever de l’album. On ne les enregistre pas pour des démos certes, mais elles font partie intégrante de l’album. Je voulais aller en ce sens lorsque nous avons décidé de 2 versions de l’album.

Johnar : Je pense que la manière dont on le fait est importante. C’était une idée du label (Indie Recordings), ils pensaient que les 2 versions de l’album, d’une heure, ce qui a toujours été fait par le passé, étaient trop longues. Je voulais réaliser un album d’une heure, ou peut-être 50 minutes actuellement, parce que ça prend trop de temps d’écrire une heure de musique. Mais on avait une heure de musique de créé, on s’est dit, peut-être, qu’une chanson pourrait ne pas fonctionner. Mais arrivé au studio on avait besoin de beaucoup de musique. On en a discuté avec le label puis ils ont dit de réaliser une version courte. C’était supposé être fait d’abord pour les critiques, ils n’avaient à priori pas assez de temps pour écouter de très longs albums ; puis pour les gens qui écoutaient l’album, qui découvraient In Vain, ils n’avaient pas forcément besoin d’une heure de musique, 45 minutes étaient amplement suffisantes. Et pour les fans de longues dates, on savait qu’ils avaient besoin d’autant de musique que possible, on leur a donc fait un album complet. Dans ma tête c’était la solution idéale, le bon album pour le bon groupe : le bon album pour les auditeurs et les critiques, et le long-format pour les fans de longue date, même s’ils écoutent aussi les versions normales. Indie (Recordings) travaille vraiment dur sur ce plan-là. Mais maintenant l’édition spéciale est disponible sur les plateformes de streaming.

Culturaddict : On peut aisément dire que vous avez un son unique. Pensez-vous que In Vain est différents des autres groupes de metal extrême ? Et pourquoi ?

Kjetil : Je voulais le dire, bien sûr, je pense qu’on a un son unique, fait de tout ce mélange des genres que ne font pas forcément les autres groupes. Comme dit précédemment on a nos influences comme Opeth, Emperor, mais je pense que de nos jours on a des groupes qui peuvent faire ce même genre de musique. On a un son qui se distingue par rapport aux gens impliqués tel que le chanteur, par rapport à la façon dont on compose. Je pense que toutes ces différentes parties composées ensemble sont essentiellement la clé de notre musique.

Johnar : J’ai déjà lu beaucoup d’articles de personnes disant que notre son est unique, spécial…Ce n’est pas juste une utilisation du growl pour un enregistrement de Black Metal. Quand j’ai commencé à faire de la musique metal, j’écoutais beaucoup de groupes ayant un genre spécifique. Quand j’écoutais un groupe de Death Metal mais qui ne faisait que ça, je me suis dit : « Ok, c’est cool, mais s’ils ajoutaient un riff Black Metal, ça pourrait être cool aussi » ! Au lieu de faire des enregistrements de growls tout du long, s’ils avaient des chants Black Metal aussi, ça pourrait être bien ! Du coup on a démarré comme ça, ça a a été une sorte d’inspiration pour moi au départ. Mais si vous écoutez l’album, ça va plus loin que ça, on a des chansons de Doom par exemple, vous pouvez écouter une chanson dans l’album, et la suivante pourra être complètement différente.

Kjetil : En même temps, toutes les chansons sont reliées entre elles. Nous avons des éléments communs à toutes les chansons, après il y en a un qui sonnera plus Doom, l’autre plus Black Metal, et une fois combiné ça peut faire une chanson complète.

Johnar : C’est ce que j’ai toujours dis. Si quelqu’un me demande quelle chanson je devrais ajouter à la setlist, c’est difficile parce que je n’arrive pas à choisir UNE chanson…Je vous en donnerais plutôt 3 pour vous donner une meilleure idée de ce que nous faisons. Il y a des chansons calmes et mélancoliques comme Floating on the Murmuring Tide et des chansons plus rapides comme October’s Monody (The Latter Rain, 2007). C’est complètement différent. Je pense que ça nous représente plus, c’est amusant, ce serait ennuyant de ne faire que des chansons Death Metal. 4 albums, 4 heures de musique, et que du Death Metal ? Je pense que c’est plus fun de créer un matériau Black Metal. Le plus important c’est que ça ne tourne pas en rond, c’est le mot d’ordre. Le mélange des genres doit sonner naturel.

Culturaddict : Maintenant que vous avez fait quelques lives, quelles chansons du dernier album préférez-vous jouer ? Et dans toute votre discographie ?

Kjetil : Pour cette tournée on a testé et répété une setlist de 20 chansons. C’est difficile d’en choisir une spécifiquement mais…

Culturaddict : Ou plusieurs si vous souhaitez !

 Kjetil : J’adore jouer le 1er single du dernier album Seekers of the Truth (Currents, 2018), avec cet intro taillé pour le couplet…mais c’est tellement fun de voir cette chanson vibrer sur scène. J’adore jouer également October’s Monody (The Latter Rain, 2007), c’est tellement rapide, sur scène, c’est…prenant et tellement fun ! C’est probablement mes 2 préférées actuellement, mais ça peut changer demain.

 Johnar : J’aime bien Image of Time (Ænigma, 2013), c’est une chanson entraînante, faite pour le public, elle est facile à jouer, on peut aisément faire du headbang dessus. Captivating Solitude (Mantra, 2009) est une superbe chanson également, le solo de guitare est cool à jouer, toutes les parties sont entraînantes. Du dernier album j’aime jouer Origin (Currents, 2018), on peut vraiment être en lien avec le public…Ce travail prend forme en concert.

 Culturaddict : C’est la fin (sur un air de The Doors), merci à vous de m’avoir reçu ! Vous voulez ajouter quelque chose ?

 Kjetil : A tous ceux qui nous lisent, pour celles et ceux qui aiment le metal de qualité, avec de l’originalité et une identité forte, jetez une oreille à notre dernier album, suivez-nous sur facebook. La prochaine fois qu’on vient dans les environs, venez nous voir en live ! Ils sont encore mieux maintenant avec le nouvel album.

 Johnar : Tu as quelque chose à ajouter ?

 Kjetil : Continuez de soutenir la bonne musique, de jouer du Heavy Metal, buvez des bières et amusez-vous ! C’est ce que nous faisons principalement !

 

Interview réalisé au Ferrailleur, à Nantes, le mercredi 28 février 2018.

 

Pour terminer cet article, j’aimerais remercier quelques personnes :

_ Evidemment In Vain, pour m’avoir accordé cette entrevue, et avoir rendu ma toute première interview absolument mémorable.

_ Quelques personnes comptant beaucoup pour moi, et qui m’ont apporté une aide précieuse dans mon travail de traduction : ma Maman, Isabelle, et Romane.

_ Merci au Ferrailleur pour l’accueil, et pour avoir organisé ces superbes concerts.

_ Merci à vous, lecteurs de Culturaddict, pour suivre avec intérêt mon odyssée musicale, au fil des albums et des concerts.

_ Enfin, merci au public du Ferrailleur pour l’ambiance mémorable de cette soirée !

 

Prenez soin de vous, à bientôt !

Alan