New York et le cinéma se sont toujours tournés autour. Ville monde aux tours gigantesques et aux larges avenues, New York a vu des centaines de réalisateurs planter leurs caméras pour tenter d’immortaliser l’esprit de la ville. Et si elle a évolué en voyant ses célèbres sex shops disparaitre au profit de larges écrans publicitaires et de magasins de luxe, les films immortalisent les décors d’antan avec une réjouissante récurrence. L’Apple shop est devenu un lieu aussi touristique que l’Empire State Building mais l’histoire de New York ne cesse de revivre au cinéma. New York se transforme souvent en ville à conquérir, symbole de l’American Dream qui sourit aux audacieux. Pour autant de désillusions.
Macadam Cowboy
Joe Buck (Jon Voight) est un redneck du midwest qui débarque à New York pour accomplir son rêve américain. Tandis qu’il trottine sur les avenues de la ville, il se rend compte que le rêve sera plus difficile à réaliser que prévu. Il rencontre Ratso Rizzo (Dustin Hoffman), un magouilleur aussi désenchanté que lui et tous deux tentent de sortir de la misère. Avec la célèbre chanson Everybody’s talking d’Harry Nilson et la patte du réalisateur John Schlesinger que Dustin Hoffman retrouvera plus tard pour Marathon Man, Macadam Cowboy est classé X à sa sortie en 1969, ce qui ne l’empêche pas de remporter les Oscars du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleur scénario. Le film est une plongée fascinante du côté de ceux que l’American Dream laisse sur le carreau.
Taxi Driver
Martin Scorsese capte l’esprit de la ville en 1976 à travers les vitres d’un taxi. Robert de Niro est Travis Bickle, vétéran de la guerre du Vietnam un peu inadapté à la vie civile qui se fait embaucher comme chauffeur de taxi. il parcourt les rues de la ville avec des rêves plein la tête et la ferme intention de devenir quelqu’un. Il rencontre Betsy (Cybill Shephred) puis Iris (Jodie Foster) et tente de les impressionner. Jusqu’au drame. Onirique et lancinant, Martin Scorsese explose à la face du monde avec ce film salué par la critique, récompensé d’une Palme d’Or en 1976 et rentré dans la légende. New York devient un personnage à part entière du film et a rarement été aussi bien filmé.
The King of New York
Christoper Walken est ce gangster qui sort de prison pour reconquérir son trône de roi de New York. Perclus de contradictions, il veut également faire le bien et aider les indigents… Abel Ferrara livre son meilleur film en mélangeant le stupre et les bons sentiments. Le casting est à la hauteur avec notamment un tout jeune David Caruso et le musculeux Laurence Fishburne. Les policiers n’ont pas le beau rôle, bien décidés qu’ils sont à l’abattre pour de bon. Sorte de fable moderne, ce film fascine par l’impossibilité qu’a le personnage de se départir des habits du gangster pour devenir un bienfaiteur que tout le monde repousse. Et New York est sombre comme la nuit…
Manhattan
Grand cri d’amour de Woody Allen à sa ville fétiche, Manhattan est considéré par beaucoup (dont moi) comme son plus grand film. L’acteur/réalisateur déambule dans les rues de la ville avec toujours les mêmes obsessions psychotiques et le même gout pour la gente féminine. Son personnage Isaac Davis a du mal avec la monogamie et vogue de femmes en femmes, toujours porté par les vents de la passion malgré les tempêtes de la déliquescence amoureuse. Film drôle et touchant, Manhattan s’ouvre par une grande déclaration de Woody Allen à sa ville avec la musique de Gershwin Rhapsody in Blue. Inoubliable pour les fans du génial réalisateur américain.
Gangs of New York
Martin Scorsese s’intéresse à une page oubliée de l’histoire de New York. Car avant d’être une grande mégalopole brillante de mille feux, la ville recevait des flots ininterrompus de migrants désireux de trouver une vie meilleure. Suscitant l’opprobre des locaux. Pour qui connait la ville, le quartier de Hell’s Kitchen a bien changé et n’est plus le bouge d’antan. L’histoire d’amour entre le réalisateur et Léonardo DiCaprio connait une nouvelle étape pour un film imparfait mais illustrant parfaitement le New York du XIXe siècle. Avant les tours, les avenues et les taxis. Et Daniel Day Lewis est une fois de plus impressionnant. Comme toujours.