Souvenez nous. Festival de Cannes 2015, Gus Van Sant débarque avec The Sea of Trees, la critique trépigne. Matthew McConaughey, Naomi Watts, Ken Watanabe, le casting est alléchant et le réalisateur américain est un chéri de l’élite journalistique rive gauche parisienne bobo cognac saumon. Et là patatras, La Forêt des Songes se fait descendre en beauté, aucune pitié n’est accordée, le film est blacklisté à l’unanimité. Et voilà que le film sort finalement un an plus tard avec un nouveau titre et une promotion discrète. Auréolé de cette aura de soufre, que vaut le film? Eh bien je l’ai trouvé vachement bien. Un couple vit une grave crise de couple. Arthur et Joan Brennan vivent une relation difficile. Les images de leur vie commune défilent en alternance avec celles du voyage d’Arthur au Japon. Il est au bord du suicide et se dirige vers un lieu connu pour sa réputation de sanctuaire des suicidaires. Alors qu’il s’apprête à en finir, il aperçoit une ombre… un homme semble mal en point. Il va le secourir et l’histoire du couple défile en même temps, implacable…
Nos Souvenirs est un film sensible sur le deuil et l’amour perdu. Le trop rare Matthew McConaughey se débat avec ses souvenirs et son histoire de couple difficile. Heureusement, Matthew revient avec plusieurs films et va truster à nouveau les écrans. Quant à son personnage, il vit un voyage de souffrance et de renaissance. Le film s’adresse principalement aux coeurs d’artichauts, à ceux qui aiment ou ont aimé, il parle au coeur et aux sentiments. Certains le créditeront des termes larmoyant ou lacrymal. Certes, je l’admets. Mais combien même. Avec la caméra de Gus Van Sant, le voyage devient féérique, métaphorique, universel.
La question principale tient aux choix de vie. Comment faire pour ne pas perdre de vue l’essentiel et ne pas oublier ceux qui comptent, juste à côté de nous. Dans une vie trépidante, tour à tour stressante et euphorisante, les héros se perdent et se retrouvent. L’histoire de Naomi et Matthew est triste à en pleurer. Il s’aiment mais se déchirent, sont prêts de se perdre, se retrouvent puis se perdent à nouveau… un chemin de croix dont le parcours de Matthew dans La Forêt des Songes est un exact reflet. Il lui faudra le secours des esprits pour connaitre la rédemption.
Métaphores, images, symboliques, le film quitte le monde des idées chères au héros mathématicien pour l’ouvrir à des esprits moins cartésiens. Le voyage est beau, parfois long mais toujours authentique. Un film détruit par la critique pour d’obscures raisons… je le recommande!