Critique : Nos existences sont toujours régies par des attentes sur le futur. L’incertitude que nous ressentons continuellement par rapport à notre avenir apporte une certaine source d’anxiété que nous avons tous et toutes vécue. Pourtant, il existe quand même un moyen de se recentrer sur notre présent et juste se laisser porter sur le moment, ce que nombre d’artistes ont su capter avec beaucoup de talent. On peut ainsi penser au superbe « Paterson » de Jim Jarmusch mais également à notre film du jour, « Perfect Days », tant Wim Wenders réussit à filmer une certaine beauté du quotidien sans tomber dans une monotonie visuelle.

Le long-métrage est ainsi à l’image du jeu tout en retenue et simplicité de Koji Yakusho, justement récompensé d’un prix d’interprétation au Festival de Cannes. On suit ainsi le quotidien de son Hirayama avec l’envie d’appréhender une certaine poésie dans la normalité et dans ce qui nous paraît au final assez quotidien et attendu. Alors que certains publics cherchent dans l’art une forme d’évasion permanente, ce rappel des petites splendeurs de notre existence peut se révéler salvateur. L’intention pourra diviser quelques spectateurs (notamment au vu de certains retours mitigés y voyant une complaisance envers les petites gens, ce qui ne semble pas être l’intention initiale), mais il faut admettre qu’on se laisse prendre par la façon dont Wim Wenders filme tout cela avec une pudeur finalement lyrique dans son côté habituel.

S’il ne conviendra pas à tous les publics (mais au final, quel film y arrive ?), « Perfect Days » perpétue l’approche émotionnelle du cinéma de Wim Wenders, ici par une intention de départ qui s’accomplit avec une beauté du normal qui émeut fortement. S’il faut rappeler l’importance de chérir notre vie sans s’étouffer dans les inquiétudes pour l’avenir, ce très joli film l’accomplit avec une finesse sentimentale particulièrement prenante.

Résumé : Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.