En détective pied nickelé dans The Nice Guys, Ryan Gosling est absolument irrésistible(ment drôle). Ce qui est somme toute nouveau pour lui. Car j’ai connu Ryan plutôt tasseau et mystérieux dans Drive, The Place beyond the Pines et Only God Forgives. Envie de changer de positionnement, d’un peu de challenge, Ryan Gosling s’essaye à une transformation intéressante de registre. Alors, qui es tu Ryan?
J’ai connu Ryan Gosling non pas sur Disney Channel où il est intervenu tout minot avec les futures superstars Justin Timberlake, Christina Aguilera et Britney Spears, mais dans Danny Ballint. En jeune néo-nazi, il est terrifiant de crédibilité. Il explose littéralement dans ce film injustement mal connu de 2001. Il vitupère, renie ses origines juives et embrasse l’idéologie nazie de manière glaçante. Un futur grand acteur, il fait froid dans le dos, le but est atteint. Et puis le film fait se poser les bonnes questions, il y contribue avec acharnement.
Puis vint The Notebook en 2004. Enfin une rom’com’ intéressante et pas seulement une bluette sans intérêt. Avec Rachel McAdams, ils forment un couple touchant, passionné, tragique. Et là encore, force est d’admettre que l’ancien kid Disney en a sous la semelle. Et puis advient le très fort Half Nelson en 2006. En prof détaché de tout et toxico, il crève l’écran. Il a trouvé un de ses rôles les plus marquants. Il déclenche l’empathie et la méfiance, une somme de sentiments contradictoires par ses attitudes faussement détachées. Un rôle complexe qu’il incarne avec intensité.
Et puis 2010, mon film préféré avec Ryan Gosling: Blue Valentine. Une histoire d’amour triste comme la pluie, partie pleine d’espoirs et échouées sur les rives du temps qui passe. Il y est éblouissant. Il n’est alors pas si connu que ça mais l’évidence s’impose déjà. Son air de beau gosse tête à claques est irrésistible. Distant mais charmant, imparfait mais attachant. Le film de Derek Cianfrance est un sommet de mélancolie, Ryan y est pour beaucoup et le duo qu’il forme avec Michelle Williams est éblouissant d’intensité. Le spectateur veut que leur amour triomphe par delà les obstabcles, tellement…
En 2011, le Ryan Gosling charmeur fait merveille dans la pépite comique Crazy Sutupid Love. Avec le toujours très bon Steve Carell et la bomba Emma Stone, il resplendit à l’écran. La gente féminine découvre son physique plutôt avenant, le crush est immédiat. Les mecs aimeraient l’avoir comme meilleur pote. Le film est drôle, surprenant pour une comédie américaine. Ryan est en train de devenir incontournable.
Puis vient la consécration. Nicolas Winding Refn lui offre le rôle de sa vie dans Drive. En héros mystérieux et taiseux, il explose à l’écran et devient une vraie star. Le film a beau être imparfait, l’attitude distante de Ryan, son bomber gris avec le scorpion doré, la musique de Kavinsky, tout concourt à séduire une jeunesse en mal de héros. Calme et déterminé, violent et impitoyable, le héros est un volcan prêt à rentrer en irruption à tout instant. Pour un film qui marquera les années 2010 après sa sortie en 2011.
Les marches du pouvoir en 2011 chez George Clooney est un adoubement. Toujours cool, Ryan fait merveille dans ce film politique sympathique mais oubliable. En 2012, il rejoue un personnage mystérieux, comme dans Drive. Dans The Place Beyond the Pines, il troque la voiture contre la moto et le bomber contre les tatouages. Là aussi, on ne sait pas d’où il vient, le personnage est mystérieux et toujours tête de mule. Tragique, il creuse sa propre tombe. On sent une complicité avec Derek Cianfrance qu’il retrouve après Blue Valentine.
Les mitigés Gangster Squad et Only God Forgives ne font pas de mal à sa légende en marche. Il a le nez creux en incarnant un financier sans scrupule dans l’excellent The Big Short. Au milieu d’un casting 5 étoiles, il côtoie Steve Carell, Brad Pitt et Christian Bale pour des scènes mythiques. Sa prestation est au niveau des autres protagonistes, avec toujours ce cynisme porté comme un blason et ces punchlines saisissantes. I’m jacked! I’m jacked to the tits! Ce film est une confirmation: il faudra compter sur lui pour tester des rôles plus ouvertement comiques.
Le nouvel opus The Nice Guys le voit endosser le costume de semi-abruti, sympathique et maladroit. Et il est très bon. De quoi penser à l’avenir avec confiance. Car OK il a une belle gueule mais surtout une attitude qui resplendit à l’écran.