Je ne vais pas y aller par 4 chemins: je ne vois aucune raison de ne pas voir un nouveau film pour le seul prétexte qu’il est sorti sur plateforme (Netflix, Amazon Prime, OCS, Disney +, Canal Play) et non pas au cinéma. A contrario, j’adore aller en salles visionner des films, je ne le fais juste plus trop en ce moment pour la seule et unique raison que les salles sont fermées par raison gouvernementale (relativement abusive selon moi, mais là n’est pas le propos). J’en viens donc au fond du vrai sujet: les films sortis sur plateforme sont-ils vraiment bons, voire aussi bons que les bons films sortis en salles? Réponse simple: un bon film sur plateforme vaut bien un bon films vu en salles. Et certains sont moins bons ou décevant, c’est tout pareil.
Une vraie offre variée
Sur plateforme comme en salles, il y a des coups de cœur, des vrais coups de poings à l’estomac et des déceptions. Bref, l’offre sur plateforme représente pour moi, surtout actuellement, le moyen de regarder des films et de ne pas se couper du cinéma au sens large. Voir des films, ressentir des émotions inédites, se sentir paumé et vouloir trouver la voie de sortie du labyrinthe, adorer le jeu d’un acteur ou d’une actrice, réfléchir des heures aux mystères distillés, un film permet tout cela. Alors comme je ne peux plus voir de film en salles, je regarde d’autant plus de films sur plateforme. Je n’ai pas loupé l’émouvant Pieces of a woman avec l’excellente Vanessa Kirby et le non moins excellent Shia Labeouf,f ni le labyrinthique et passionnant Je veux juste en finir du toujours barré Charlie Kaufman (Malkovitch Malkovitch, c’est lui, tout comme Eternal Sunshine of the spotless mind).
Sur plateforme aussi, on peut être déçu
J’avoue que j’avais un doute préalable à l’oeuvre de Martin Scorsese, The Irishman. Et mes doutes se sont confirmés, voir Al Pacino, Robert de Niro et Joe Pesci rajeunis artificiellement, ça ne m’a pas du tout plu. Ils ne ressemblent même pas aux acteurs lorsqu’ils étaient jeunes, ils semblent en plastique, ils brillent. Que le film soit très (trop?) long et sans rythme, encore je m’y suis fait. Mais les vieux acteurs en jeunes, non, pas du tout. Autre semi-déception, le Mank de David Fincher est un exercice de style intéressant mais pas non plus passionnant. Je ne suis pas prêt de le revoir alors que j’aime revoir pas mal de films du fameux réalisateur de Seven et Fight Club, mais celui-là, ça jacasse non stop en noir et blanc, pas prêt de le revoir non plus. D’autres films vus, Les 7 de Chicago, Minuit dans l’univers, 6 underground, l’offre est variée, les styles sont divers, c’est une vraie alternative aux films en salles.
Les salles de cinéma menacées de disparition?
La question se pose. Vu que certains grands réalisateurs sont passés sur plateforme, tous les autres ne vont-ils pas suivre le mouvement? Déjà que les cinémas ne gagnent plus d’argent, ils ne vont pas s’en sortir si les réalisateurs partent tous pour internet. L’intérêt de voir un film en salles, c’est évidemment l’expérience unique d’être assis dans un bon siège devant un grand écran diffusant un film de qualité, la télévision, même énorme, ce n’est pas la même ampleur. 2001 en salles ou à la télé, ce n’est pas du tout la même chose. Il faut sortir de chez soi et se faire plaisir, ça fait partie de l’expérience ciné. Mais comme il semble que les plateformes laissent plus de liberté aux réalisateurs que les grands studios piégés par la standardisation catastrophique de leur offre et comme le modèle économique des plateformes est plus que très viable, l’avenir est obscur.
Comme les magasins de location vidéo, les salles pourraient bien disparaitre et avec elles les studios. Kodak n’a pas su prendre le virage de la photo numérique, Alcatel a loupé l’évolution des téléphones portables, de grands groupes se sont déjà ramassés dans différentes industries apparemment insubmersibles. Warner Bros ou Universal pourraient bien se ramasser. Mais pas Disney, qui a bien senti le coup, apparemment. L’avenir le dira.