Bonjour à tous !

Aujourd’hui je vous propose un article plus long et plus approfondi sur toute la carrière d’un réalisateur français : Quentin Dupieux! Pour mieux aborder l’analyse de sa filmographie, je vous propose de commencer par l’analyse du personnage.


Un réalisateur particulier :

Quentin Dupieux ou Mr.Oizo pour ses fans les plus assidus est un scénariste, réalisateur et compositeur français de 42 ans. Sa popularité est due en grande partie à un hit qu’il composa en 1999 : Flat Beat. L’artiste est d’ailleurs que peu connu dans la sphère cinématographique et cela est très dommageable vu les œuvres atypiques et incroyablement originales qu’il produit et réalise !

Dans cet article, j’analyserai la filmographie entière du bonhomme, dans l’ordre de sortie et j’essaierai au mieux de montrer l’évolution du réalisateur ainsi que son importance dans le paysage cinématographique français ! La carrière de Mr.Oizo comporte actuellement 11 œuvres cinématographiques comportant 5 courts métrages et 6 films : Non-Film, Steak, Rubber, Wrong, Wrong Cops et Réalité !

Celui-ci à commencé sa carrière de cinéaste dans l’équipe de tournage du réalisateur d’Eternal Sunshine of The Spotless Mind : Michel Gondry ! Je vais dès à présent commencer avec son premier vrai film qui est d’ailleurs extrêmement important pour moi : Steak !


Steak, premier ovni de Dupieux :

Steak est un film fortement particulier et original. Souvent critiqué et même qualifié de pire film de tout les temps, il représente pour moi le début de la carrière du grand réalisateur qu’est Quentin Dupieux ainsi que le commencement d’un style finalisé aujourd’hui avec Réalité. J’ai vu pour la première fois le film lorsque j’était enfant. Je me suis laissé avoir par le slogan de l’affiche La Nouvelle Comédie d’Eric et Ramzy grand fan du duo étant jeune, je me suis empressé de le regarder et mon dieu que le résultat fut troublant. La comédie se résumait à un grand malaise critiquant la société.

J’avoue que ce premier visionnage m’a quelque peu dérangé mais plus tard, un nouveau visionnage du film m’a permis de voir au delà de l’aspect très space de Dupieux et d’observer le message fort du film. L’originalité est quelque chose qui frappe tout de suite chez Dupieux. Que se soit dans ses œuvres musicales ou dans ses films. La scène d’ouverture de Steak est somme toute drôle et on s’attend à un film suivant ce postulat.

Mais Dupieux met tout de suite les pieds dans le plat avec une scène de fusillade violente entre adolescents. Le choix du duo Eric et Ramzy est brillant car leur humour est souvent très naïf, or ici la violence est malsaine et l’humour l’est également ce qui fait que l’on se sent comme souillé par les images et c’est ce qui rend le message du film d’autant plus impactant. Le but est de se sentir mal, le but est de choquer en douceur. La structure du film ainsi que son message me font indéniablement pensé à Orange Mécanique de Kubrick, les Droogies seraient ici les Chivers.

Mais parler de Kubrick m’éloigne un peu du sujet principal. L’esthétique du film est importante car elle deviendra sensiblement identique dans ses prochaines œuvres et symbolisera le style graphique de Dupieux. Ce style très lumineux et clair qu’on lui connait est ici plus sombre et modéré mais tout de même assez présent pour être souligné. L’humour décalé est également une caractéristique du style Dupieux, plus flagrant dans Steak qui est axé sur le rire, on retrouve des répliques cultes pour ma part comme :

Le dernier arrivé est fan de Phil Collins !

C’est tout d’abord pour cet humour extrêmement décalé que Dupieux m’a plu puis c’est après que le message m’est apparu, cette dénonciation profonde de la mode et de la société, dénonciation beaucoup critiquée pour son manque de subtilité. Personnellement, je trouve que Steak est un excellent film et les quelques erreurs commises par Dupieux sont tout simplement les conséquences du manque d’expérience du réalisateur à l’époque.

Dupieux est un réalisateur qui tente des choses, qui innove, qui essaye de changer le cinéma et c’est ça qui fait de lui l’un des meilleurs cinéastes de sa génération, en tout cas pour ce qui concerne la France. Je vais maintenant me pencher sur le deuxième long métrage de sa filmographie : Rubber !


Rubber, l’expérience du no reason :

Dans ce deuxième volet de l’histoire Dupieux, le réalisateur décide de créer ce que j’appelle une expérience cinématographique dans le sens où le film n’existe véritablement pour aucune raison. Le seul but du film est de rendre hommage au no reason, comme cela est expliqué au début du film d’ailleurs.

Le long métrage se résume donc à 1 h 15 de n’importe quoi,  chaque théorie que le film met en place, celui ci la démolit quasi instantanément, il nous met à la place des spectateurs du film par une mise en abîme plutôt intelligente.

Le style Dupieux est de plus en plus reconnaissable avec ces couleurs blanches très vives et sa luminosité très marquée. La lenteur de certaines scènes d’exposition dénote avec la violence extrême de nombreux plans du film. Le film est vraiment particulier à appréhender dans le sens où l’on n’apprécie pas vraiment le visionnage. Plus on essaye d’analyser l’oeuvre plus l’on trouve ça malsain et vide de sens.

Contrairement à Steak qui à une forme beaucoup plus conventionnelle, Rubber est ici beaucoup plus expérimental, le réalisateur essaye, tente des plans, les acteurs donnent une performance totalement incroyable et collant parfaitement à l’expérimentation du film ! Le film ne critique pas grand chose à la différence de Steak, la seule critique possible du film est celle des spectateurs et encore c’est une possibilité peu envisageable. C’est donc un changement dans la filmographie de Dupieux tout en gardant la ligne éditoriale de son style.


Wrong, l’éternel quête du non sens…

Je vais maintenant m’attarder sur le troisième film de cette rétrospective : Wrong. Ce film est pour ma part beaucoup mieux géré que Rubber. Il est beaucoup plus appréciable à regarder car le style de Dupieux commence à se concrétiser. On assiste à de superbes plans, une lumière très claire qui symbolise désormais totalement les films de Dupieux ainsi que la musique de Mr.Oizo.

Quant à l’histoire, elle est bien plus comique que celle de Rubber. En revanche, après trois visionnages quotidiens de films de Dupieux, je commence à éprouver un peu de mal à analyser ses films ! En effet, l’histoire de Wrong est si vide de sens, si bête que l’analyse en devient quasi malsaine, cependant il est vrai que le film atteint un statut quasi jouissif pour son coté WTF totalement assumé.

L’accent anglais pourri d’Eric qui fait d’ailleurs son retour dans la team Dupieux, les blagues décalées, les problèmes existentiels des personnages qui n’ont aucun sens, tout cela rend le film très profond dans sa façon d’être. Plus j’avance dans la filmographie de Dupieux, plus il est agréable de voir que son style se structure, se perfectionne de plus en plus, si cette évolution continue et je sais qu’elle va continuer, Dupieux va réussir à faire son style de film tout en restant académique dans sa façon de procéder.

Wrong reste tout de même une expérience cinématographique et il est très bien pensé car certains détails mettent à mal notre inconscient et provoquent une sensation de malaise. Je pense notamment à l’horloge qui affiche des heures comme : 07:60, on se pose des dizaines de questions là-dessus, est-ce qu’il y a un décalage d’une minute dans une heure ? Comment le temps s’organise-t-il autour de ce nouveau calcul temporel etc…

Le film est parsemé de petits détails irritant pour notre subconscient et c’est assez drôle d’y repenser après coup. Pour finir sur Wrong, je trouve le casting formidable, une véritable bande se forme autour de Dupieux avec Eric Judor et Jack Plotnick qui commencent à devenir récurrents dans l’oeuvre de Dupieux. Les blagues syllogiques marchent à tous les coups et l’on ne ressort pas tout à fait pareil du visionnage de Wrong !


Wrong Cops, un style qui se structure dans la continuité :

Je continue désormais mon article avec Wrong Cops qui peut être considéré comme la suite directe de Wrong. Soyons clair dès le début, le film est excellent ! Il est extrêmement bon ! Ce film est pour l’instant le meilleur de la filmographie de Dupieux selon moi pour des raisons précises (Cf Stanislas: ce film est complètement ouf, jouissif, à mourir de rire).

Dans un premier temps, il est important de remarquer que Dupieux instaure une sorte de continuité dans ses œuvres. Je ne parle pas seulement de la continuité Wrong-Wrong Cops mais surtout des nombreuses références aux autres films de Dupieux, Wrong et Rubber que le réalisateur place dans le film. Cela est totalement jouissif quand on connait l’oeuvre de Dupieux car Wrong Cops apporte enfin la preuve que tout les films du réalisateur se produisent dans le même univers !

Venons en maintenant aux faits, le film est bien plus axé sur l’humour que les précédents. Les personnages sont hilarants et le casting est juste impressionnant de talent ! On retrouve Eric Judor, Mark Burnham, Steve Little, Arden Myrin, Eric Wareheim et Marilyn Manson dans un rôle extrêmement drôle ! Les sketchs fonctionnent à merveille, le coté what the fuck est désormais plus dilué et fonctionne d’autant plus, la mise en scène de Dupieux se structure et c’est très appréciable !

Nous commençons à nous rapprocher de plus en plus de l’accomplissement total de Dupieux à mon sens, et cela sera prouvé avec le prochain film de sa filmographie : Réalité !

Réalité, l’aboutissement de Dupieux :

Je termine maintenant la filmographie du réalisateur par son dernier film en date : Réalité ! Réalité est un très bon film ! C’est pour moi l’aboutissement du style de Dupieux qui conserve son coté étrange et malsain tout en développant un humour maitrisé.

Le final du film qui est totalement onirique où l’on passe de rêves en rêves jusqu’à ce que le film lui même nous fasse perdre la tête, le procédé est juste splendide. Les acteurs français ainsi que la bande habituelle de Dupieux jouent à la perfection et la réalisation de Dupieux se stabilise totalement !

Le film, malgré son coté cinématographique dans son scénario n’est pas mon préféré. En effet ma préférence oscille entre Steak et Wrong Cops. Le phénomène de continuité que j’avais observé dans Wrong Cops est également observable dans Réalité par le biais d’affiches et de goodies à l’effigie de Rubber 2, hypothétique suite du deuxième film de Dupieux !

Le réalisateur fait même une référence à un grand réalisateur dans ce film, ce qui me rapproche de mon idée que Steak est une sorte d’Orange Mécanique :

Kubrick mes couilles !

Je pense tout de même que l’abus de visionnage de ce film peut provoquer d’énormes mots de tête tant la narration du troisième acte est éclatée ! Quentin Dupieux fait donc avec ce film un coup de maître alliant classicisme et originalité…


Quentin Dupieux, réalisateur original :

J’en ai maintenant terminé avec le visionnage et l’analyse de la filmographie de Dupieux et je vais donc vous donner mon avis complet sur le personnage. Quentin Dupieux est un homme qui apporte beaucoup au cinéma français à mon sens, même si son cinéma est quelque peu déroutant, on y retrouve une vrai satire des films ainsi qu’une envie de renouveau.

Dupieux est un réalisateur qui expérimente à chacun de ses films. Sa force provient de son audace qui paie la plupart du temps. Cependant , faute du fait que Dupieux ne soit pas encore assez conventionnel, sa filmographie se réserve aux initiés du cinéma et autres cinéphiles car pour apprécier le cinéma de Dupieux, il faut accepter sa démarche et connaitre les codes du cinéma en général. Un petit génie, idolâtré par certains et détesté par d’autres ! Son évolution de films en films annonce prochainement une montée en puissance du réalisateur vers le grand public…


La musique de l’Oizo :

Je n’ai pas évoqué dans cet article les musiques originales de Mr.Oizo. Celles ci sont présentes de Steak à Réalité et se modifient selon l’ambiance des films.

Très expérimental comme toute son oeuvre cinématographique, celle ci peut gêner autant que plaire et est également responsable d’une certaine ambiance très pesante à certains moments. Dupieux lie ses deux passions dans ses films et plus particulièrement dans Wrong Cops, son film le plus musical…


J’en ai enfin terminé avec cette rétrospective sur Quentin Dupieux ! J’espère que ce format vous plaira, cela me permet de revisionner quelques chefs d’œuvres du cinéma ! Un film serait prévu pour cette année avec comme titre Au poste !  Je vous invite à vous plonger dans la filmographie de Dupieux !

Bonne Journée à tous sur Culturaddict !