Critique : Gérer le rythme d’un film constitue une chose très délicate, surtout vu la diversité de tons qu’une seule œuvre peut proposer. C’est un travail minutieux, demandant à savoir faire vivre les personnages tout en n’ennuyant pas le public (ou, au contraire, l’enfermer dans une atmosphère différente afin de l’emmener ailleurs). On peut aisément imaginer à quel point cela doit être ardu à l’écriture, à la réalisation et au montage pour pouvoir trouver une tonalité qui se tient sur une même ligne ou bien se réoriente constamment vers d’autres respirations, cherchant à toucher tel sentiment ou telle réflexion comme une batterie bien encadrée.
C’est en tout cas un des points d’intérêt de ce « Steve », disponible sur Netflix et marquant les retrouvailles entre Cillian Murphy, Emily Watson et Tim Mielants à peine quelques mois après la sortie de « Tu ne mentiras point ». En effet, il fallait un travail de rythme pour une histoire de professeur suivi pendant 24 heures par une équipe de journalistes alors même que son établissement destiné à des jeunes en besoin de soutien se retrouve tiraillé entre décisions politiques et étudiants confrontés aux épreuves. Et pourtant, cela fonctionne bien, s’avérant sans doute un des grands intérêts de ce long-métrage bien ramassé en dépassant à peine l’heure et demie.
Le film arrive ainsi à trouver une maîtrise technique qui fonctionne le long de sa durée, bien aidé aussi par le travail du casting. Si l’on ne doit plus souligner le talent de Cillian Murphy, l’investissement des jeunes acteurs mérite d’être souligné, en particulier Jay Lycurgo dans le rôle de Shy. La mise en scène de Tim Mielants s’avère à l’avenant, proposant des idées visuelles appuyant l’étouffement des personnages ainsi que le rapport à l’expression personnel par les changements de formats dus au reportage télévisé.
Rythmé comme une batterie en solo qui n’hésite pas à dévier de son tempo pour le bien de son récit, « Steve » se révèle un drame bien tenu, aussi bien par sa réalisation que ses acteurs. Les difficultés professorales évitent le cliché dans cette œuvre solide et au plus près de l’investissement émotionnel, captant l’étouffement et la libération avec plusieurs souffles solidement maîtrisés. On peut en tout cas conseiller cette plongée en apnée totale tant on sent le travail d’immersion sans que l’étouffement ne touche à l’artistique même, trouvant un rythme qui sait comment suivre au mieux le vivant de sa fiction.
Résumé : 24 heures dans la vie de Steve, un directeur d’une école qui lutte pour garder ses élèves dans le droit chemin.
