En 2016, Stranger Things était le nom que tout le monde avait sur les lèvres. La série de Netflix a définitivement fait chavirer les coeurs et s’est imposée comme une œuvre culte immédiatement après sa sortie. Beaucoup de spectateurs ont été charmés par son hommage aux années 80, mais fort heureusement, ce n’est pas sa seule qualité …
L’atout majeur : l’écriture
Stranger Things se concentre sur l’histoire de quelques jeunes adolescents vivants à Hawkins, petite ville tranquille de l’Indiana. La disparition soudaine de deux de ses habitants, Will Byers et Barbara Holland, dans des circonstances mystérieuses va vite inquiéter une partie de la population de la petite bourgade, et notamment Dustin, Lucas et Mike, les amis de Will. Rejoints par Joyce et Jonathan, respectivement la mère et le frère de Will, le shérif Hopper, Nancy (la sœur de Will) et Eleven, une mystérieuse jeune fille, ils essayent de déterminer ce qui a pu arriver aux deux disparus.
Vous l’aurez compris, cette première saison part sur une base assez simple et a le bon goût de ne pas multiplier les intrigues secondaires inutiles. Le but de la série est de retrouver Will et Barbara, et même si l’arrivée d’Eleven rajoute une dose de mystère supplémentaire, ce n’est jamais au détriment de l’intrigue. En effet, tous les éléments liés à ses origines développés dans la série permettent de faire avancer la trame narrative principale.
L’autre gros point positif de l’écriture concerne la vitesse à laquelle la série se déroule : elle n’est ni trop rapide, ni trop lente. Chaque épisode apporte son lot de nouveautés et d’avancement et donne ainsi envie de regarder la suite puisque le specateur sent que les personnages se rapprochent du but sans y arriver trop rapidement. Mais ce n’est pas pour autant que la série est lente, bien au contraire. Elle évite d’ailleurs habilement les épisodes fillers où rien ne se passe, défaut dont beaucoup d’autres productions télévisuelles sont malheureusement victimes.
Une bonne série, c’est également des personnages attachants, et ça, Stranger Things l’a compris. Chaque protagoniste a un caractère distinct et une personnalité à plusieurs facettes. De plus, la série prend le temps de correctement développer ses personnages, et en particulier le shérif Hopper dont les éléments de son passé égrainés au fur et à mesure de la série viennent le redéfinir ainsi que sa volonté de retrouver Will Byers. Quelques romances ponctuent également l’histoire. Un peu prévisibles, elles n’en restent pas moins désagréables à regarder puisqu’elles servent à (re)définir les personnages et à les préparer pour la deuxième saison.
Le seul point noir que l’on pourrait reprocher à cette première saison en termes d’écriture concerne la fin de la série. Sans divulguer d’information concernant la résolution des intrigues, sachez qu’une partie des questions concernant Barbara et les explications des événements arrivés à Hawkins est laissée en suspens. Cela n’est pas tout à fait dérangeant si l’on regarde la saison 2, puisque ces interrogations sont résolues, mais cela casse l’unité presque parfaite de ce que devrait être une saison, à savoir un tout avec un début et une fin qui fait sens à la fois dans la série et dans la saison elle-même.
Une ambiance aux petits oignons
L’écriture ne fait pas tout dans une production télévisuelle, en particulier si elle est ancrée dans le genre fantastique : il faut également que les spectateurs partagent les sentiments des personnages et qu’ils ressentent l’ambiance générale. De ce côté, la série des frères Duffer se démarque admirablement de la concurrence.
Le côté fantastique (qui tend parfois vers l’horreur) est géré à merveille à l’aide d’éléments suffisamment discrets pour ne pas en faire une série horrifique et ne pas tout dévoiler dès le départ (et notamment le design du monstre). La bande-originale, particulièrement discrète, sait d’ailleurs appuyer les scènes stressantes de manière habile avec seulement quelques notes de claviers. Cependant, la série se permet également d’opérer un mélange des tons bienvenu. Les parties d’enquêtes sur les origines d’Eleven et les disparitions prennent ainsi la forme d’un thriller. Les nombreuses répliques de Dustin quant à elles, apportent un véritable aspect comique à la série.
Enfin, il faut mentionner les références aux années 80 qui, d’une part, servent de repère temporel au spectateur, et d’autre part, permettent également de faire plaisir aux amateurs de la culture eighties. La majorité de ces clins d’oeil sont indirects : les nombreuses scènes à vélo peuvent rappeler E.T., l’hsitoire en elle-même aurait pu être un roman de Stephen King, et les protagonistes se rapprochent de ceux des Goonies. Cependant, lorsque la série décide de mettre en avant une référence directe, elle n’est pas balancée au hasard pour satisfaire les fans ; elle le fait habilement en l’intégrant à l’histoire. Le jeu de Donjons et Dragons permet ainsi de nommer le monstre et sert parfois à avancer dans l’enquête, et le titre Should I Stay or Should I Go présent à plusieurs reprises dans la série revêt une véritable importance.
Stranger Things a donc su s’imposer dans le coeur des sérivores, et pas seulement grâce aux références aux eighties dont tout le monde a parlé, mais aussi grâce à de véritables qualités d’écriture qui rendent le visionnage de la série addictif et surtout très plaisant. Un tel exploit est assez rare, et il est donc quasiment certain que la série va marquer les générations à venir …
Brice Losson