Chronique : Le cinéma de Dario Argento a toujours su se distinguer par sa valeur perceptive, notamment dans ses visuels. Le rapport à l’image a ainsi été au centre de ses longs-métrages, interrogeant notre propre regard par ce que l’on n’a pas pu percevoir au premier abord dans une image pourtant pleine de sens. La vision a toujours su se déjouer des attentes et apportait ainsi l’interrogation d’où regarder correctement pour découvrir la vérité. C’est également le cas de ce « Trauma », qui fêtera prochainement ses 30 ans de sortie et disponible ici en édition collector chez Extralucid Films.
Rapport au visible
La base narrative mêle directement une forme de fantastique par le rapport à l’occulte tout en trouvant le moyen de s’en servir comme une forme d’écran de fumée. Sans trop en dévoiler, cette intégration d’un irréel contribue surtout à mettre en avant une forme de brouillard qui dissimule pourtant à peine la réalité mais surtout son rapport à une narration réinventée (ce qui se révélera essentiel dans l’explication des agissements du tueur). Cela permet également à Dario Argento d’apporter une ambiance assez baroque et graphique, notamment dans ses choix de mise en scène. La caméra subjective ainsi que le rapprochement des visages dans le cadre soulignent le macabre des meurtres, ici par décapitation avec une méthode mécanique assez cruelle. Cet art du morbide fascine en même temps qu’il n’hésite pas à aller loin, notamment lors d’une chute dans un ascenseur.
On pourrait alors regretter que la narration souffre de baisses de rythme ainsi que de pistes peu voire pas abordées. C’est bien avec le traitement du scénario que le bât blesse alors même que le mystère s’avère comme toujours avec Argento intriguant et que sa conclusion s’avère aussi surprenante qu’évidente. Il en ressort une frustration d’idées de mise en scène (la blancheur de draps enveloppant le personnage de David) ainsi qu’un art du macabre stylisé replacé dans une américanisation où les décors renferment invariablement la mort. À défaut de célébrer ce titre comme l’un des classiques de son réalisateur, l’édition collector proposée par Extralucid permet de mieux en apprécier ses réussites.
Résumé : Aura Petrescu, une jeune anorexique de 16 ans, s’évade d’un hôpital psychiatrique et rencontre David. Elle est ramenée à ses parents, mais le soir de leurs retrouvailles, ils sont assassinés, victimes d’un mystérieux tueur qui décapite ses victimes.