Critique : Alors que nous revenions récemment sur « La sorcière sanglante », nous rappelions rapidement que son excellent metteur en scène, Antonio Margheriti, était dans l’ombre des plus grands noms du genre. C’est également le cas de Camillo Mastrocinque, metteur en scène de notre film du jour, « Un ange pour Satan ». Pourtant, tout comme Margheriti, il y a quelque chose d’appréciable à redécouvrir sa mise en scène, surtout sur ce titre sorti quelques années avant son décès et se révélant comme l’antépénultième d’une filmographie à découvrir (en tout cas pour l’auteur de ces lignes qui ne le connaissait pas avant ce visionnage).

Car « Un ange pour Satan » surfe sur différents registres, le tout avec une orientation ouvertement gothique qui impose une certaine tonalité. La réalisation de Mastrocinque parvient à capter une certaine atmosphère convenant au sous-genre, tout en laissant développer un mystère par sa cruauté mais également sa manière de mêler les pistes, jusqu’à une conclusion mettant la lumière sur ses contours narratifs. La photographie en noir et blanc s’avère un immanquable dans le domaine mais il y a quelque chose dans la mise en scène qui parvient à renforcer ses enjeux tout en instaurant une ambiance étrange, visualisant l’impalpabilité des événements et les difficultés de ses protagonistes face aux drames qui vont rythmer le récit.

Ainsi, « Un ange pour Satan » s’avère une sympathique découverte qui devrait parvenir à trouver son audience par sa manière de désorienter et réorienter continuellement son public tout en s’inscrivant dans les codes du cinéma gothique. Son mystère est bien cousu, son ambiance prenante mais surtout la réalisation de Mastrocinque, même si peu comparable à des chefs d’œuvre du sous-genre gothique, arrive à prendre pleinement le classicisme visuel attendu de pareil titre tout en s’en amusant dans son traitement.

Résumé : 1860. Dans un petit village, une statue est repêchée d’un lac. Le comte Montebruno fait appel à Roberto Merigi (Anthony Steffen) pour la restaurer. Son arrivée au village coïncide avec celle d’Harriet (Barbara Steele), la nièce du comte, dont les traits ressemblent étrangement à ceux de la statue. Le domaine dont elle est l’héritière a vu se dérouler un drame il y a fort longtemps, et la malédiction semble ressurgir à la surface.