Proposer un musée entièrement dédié aux jeux vidéo peut être une idée saugrenue pour certains, surtout lorsque l’on sait que, selon une enquête commandée par le Ministère de la Culture sur un échantillon de 1500 français de plus de 15 ans, seul 7% des Français considèrent les jeux vidéo comme faisant partie de la culture (soit à l’avant dernière place du classement, juste devant la télé réalité). Pourtant c’est le défi que s’est lancé le Pixel Museum, le premier musée français consacré uniquement à l’histoire des jeux vidéo, qui a ouvert le 25 février à Schiltigheim. Compte-rendu de ma première visite, une semaine après l’ouverture.

 

Un musée complet

C’est à Schiltigheim, petite commune faisant partie de l’Eurométropole de Strasbourg, que commence la visite. Quelque part dans une rue pas très fréquentée de la ville, entre deux maisons, une façade blanche faisant penser à n’importe quel petit musée. Le Pixel Museum ne joue donc pas la carte de la grandiloquence.

 

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Une fois à l’intérieur, l’œil est déjà intrigué par les nombreuses salles. Tel un hub de jeu, le visiteur peut choisir par où commencer. Bien entendu, un parcours sous forme de niveaux a été créé, permettant de découvrir l’histoire des jeux vidéo dans l’ordre chronologique. Et quand on parle d’ordre chronologique, on ne commence pas à Pong, mais bien à Tennis for two, un jeu créé par William Higinbotham sur oscilloscope. Autant dire que les yeux non-avertis des plus jeunes pourront subir une double crise cardiaque en découvrant que les jeux vidéo n’ont pas commencé par la Xbox360 et la PS3. On trouvera donc dans les nombreuses vitrines beaucoup de consoles et de jeux, depuis la Magnavox d’Odyssey à la toute récente Nintendo Switch. Les plus âgés pourront ainsi raconter aux plus jeunes la « préhistoire » des jeux vidéo, tandis que ces derniers pourront faire découvrir à leurs aînés les dernières avancées technologiques en termes de jeux vidéo.

 

En termes de consoles et de jeux, le musée fait fort. Avec plus de 250 consoles (donc des exclusivités japonaises, chinoises, des éditions limitées …), il y a de quoi faire. De plus, le Pixel Museum peut se vanter de quelques pièces, comme une version dédicacée de Life Is Strange, une réplique du Bonk Atomic Punch de Team Fortress 2 et du Lanzor de Gears of War, ou des choses un peu plus honteuses comme les Zelda sur Philipps CDi ou la série animée issue de la même saga …

 

 

Dépoussiérer le musée

Un musée est souvent vu comme une expérience solitaire, ne reposant que peu ou pas sur l’interaction entre les visiteurs. Pour un musée consacré au jeu vidéo qui, on le rappelle, est un art interactif et qui se partage, exposer simplement des pièces dans des vitrines aurait été bien embêtant. Sur ce point, le Pixel Museum a trouvé la parade parfaite : il suffit de faire jouer les visiteurs. Plusieurs consoles, bornes d’arcade ou reconstitutions (de Pong et Tennis For Two, évoqué précédemment) sont en accès libre. Les curieux pourront donc tester un large éventail  de consoles, depuis la Dreamcast jusqu’aux récentes XboxOne et Playstation 4. Les joueurs PCs n’ont cependant pas à s’inquiéter puisqu’une salle est également dédiée à la soi-disante « PC Master Race ». Il en faut pour tous.

 

 

Non seulement ces consoles permettent de vivre l’art qu’est le jeu vidéo, mais elles permettent également de faire du musée un lieu communautaire où les curieux se rassemblent et échangent autour des manettes. Le musée n’est plus une expérience de contemplation, mais bel et bien d’interaction.

 

Il faut remercier le Pixel Museum pour ce qu’il représente aujourd’hui : un nouveau pas vers la consécration du jeu vidéo en tant qu’art, et la création d’un musée familial, interactif, et surtout accessible. Que vous soyez un hardcore gamer ou un joueur occasionnel ayant testé Wii Fit une fois « vite fait, pour voir », vous y trouverez probablement votre bonheur. Il ne reste plus qu’à espérer que d’autres musées de ce genre apparaissent et que cette démarche intéressante et intelligente, dont le Pixel Museum est le précurseur en France, fasse de plus en plus d’émules.

Brice Losson

 

Lien vers le site du musée: http://pixel-museum.fr/