Le jury du Festival de Cannes 2024 mené par sa présidente Greta Gerwig auréolée du succès mondial de Barbie a choisi de récompenser le film de Sean Baker, lui déjà à la barre des excellents Tangerine, The Florida Project et Red Rocket. En choisissant de suivre les destins de marginaux tentant à tout prix de garder la tête hors de l’eau, il a souvent fait mouche avec humour et un ton délicieusement trash. Il rentre maintenant dans une autre dimension et risque de perdre à l’avenir son ton décalé et provocateur, futur broyé par le cinéma hollywoodien. Et comme souvent, c’est avec un film plus que limite qu’un réalisateur doué est reconnu par le système, c’est bien dommage.

Un film qui divise

Anora (Mickey Madison) est une belle effeuilleuse dans un bar à strip tease new yorkais. Elle se donne à fond pour gagner de quoi (sur)vivre, le spectateur n’en perd pas une miette, sa plastique et son savoir faire sont mis à l’honneur, certains spectateurs un peu âgés de la Croisette ont du en faire une syncope. Bref, quand elle croise le chemin d’un jeune russe descendant décadent d’oligarque russe ultra riche, et que ce dernier lui demande de l’épouser, elle n’en croit pas ses yeux, c’est sa chance. Jeune et blindé de thunes, sosie de Timothé Chalamet et très très décadent, il représente un très bon parti pour assurer son avenir. Quant à elle, avec son passeport américain, elle représente pour lui une sacrée porte de sortie pour lui permettre d’échapper à ses parents un peu trop protecteurs.Le début du film n’est ainsi qu’une longue suite de partie de jambes en l’air aux dialogues parsemés de F**K, de phrases faciles et d’enjeux minuscules. Lorsque les parents oligarques ont vent de l’histoire, ils envoient leurs sbires pour régler la situation. Et le film déjà parti sur des bases assez moyennes devient un mélange de Tex Avery et de Benny Hill. Car la jeune fille très woke multiplie les cassages de nez, les morsures et les cris suraigus pour résister à ses ravisseurs. Et comme le jeune Yvan a disparu de la circulation, il faut le retrouver dans le dédale des nuits new-yorkaises afin de faire annuler le mariage. La promo du film parle de conte de fées et d’histoire d’amour, c’est quand même vite vu. C’est surtout un film qui recycle les idéaux d’une jeunesse paumée, entre drogue, argent facile, fringues de luxe, bolides qui font vroum vroum à toute berzingue. La Palme d’Or par bien trop grande pour un film si minuscule, qui sera oublié très très vite tant la portée du film ne s’élève jamais vraiment bien haut.

Anora ne dure que 2h15 mais semble durer 4h tant l’humour est répétitif, les scènes de nu se succèdent non stop jusqu’à transformer le corps féminin en marchandise (très woke, ça?) et l’intrigue reste clouée au sol. C’est assez déstabilisant comme film, surtout s’il se veut le reflet de son époque…

Synopsis: Anora, jeune strip-teaseuse de Brooklyn, se transforme en Cendrillon des temps modernes lorsqu’elle rencontre le fils d’un oligarque russe. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage…