Révélé en 2003 avec le film Goodbye Lénine, Daniel Brühl a fait brillamment son chemin sur la scène cinématographique internationale, apparaissant notamment chez Tarantino, Jason Bourne ou dans l’univers Marvel. Il réalise aujourd’hui son premier film en choisissant une ambiance de quasi huit clos tendu et machiavélique. 1h30 suffisent pour manipuler le spectateur et lui montrer l’impossibilité de l’anonymat dans notre monde ultra connecté.

Un cauchemar éveillé

Le héros Daniel interprété par le réalisateur est un acteur sur le point de s’envoler pour Londres afin de participer à un casting pour un film de super héros. Quand on sait que Daniel Brühl a lui-même participé au film Captain America: Civil War, l’allusion ne manque pas de piquant et le mélange des genres apporte une dimension supplémentaire au film. Sur le chemin de l’aéroport, le personnage s’arrête dans un bar où il a ses habitudes à Berlin. L’ex-capitale de l’Allemagne de l’Est vit une gentrification accélérée et des nouveaux bobos ont remplacé les anciens habitants. Daniel est connu pour ses rôles au cinéma et dans une série, il est donc constamment assailli de fans pour faire des photos, ce qu’il accepte bien volontiers, reflet sans doute de l’existence du réalisateur. Sauf qu’il va rencontré Bruno (Peter Kurth), un voisin qu’il ne connait pas mais qui lui le connait fort bien. Après une entrée en matière gonflée où Bruno critique Daniel pour ses rôles assez mitigés selon lui, ce qui pique la fierté de l’acteur plus souvent adulé que remis en cause, et créée une ambiance tendue. C’est le début d’un grand déballage entre les 2 individus irrésistiblement attirés l’un par l’autre, dans une ambiance rappelant les interrogatoires de l’ancienne Stasi à l’époque de la DDR. Bruno a les moyens de faire parler Daniel, jusqu’à remettre en causes ses certitudes et le pousser dans ses retranchements. Tout l’enjeu du film est de savoir qui va faire craquer l’autre. L’acteur a le don d’incarner des personnages imaginaires très crédibles, l’agent de banque a eu l’habitude de traquer les ennemis du régime. 90% du film se déroule dans un bar qui ressemble de plus en plus à un cachot au fur et à mesure du film avec ses habitués aux mines patibulaires, comme cette barmaid qui pourrait bien avoir été elle-même agent de la Stasi. L’histoire dit que 25% de la population de la RDA ait été affiliée de plus ou moins loin à cette sinistre police du régime. Les révélations font apparaitre un autre visage pour un acteur confronté à des accusations étayées de preuves matérielles. Jusqu’à se demander ce que le régime d’alors aurait fait pour surveiller ses habitants si internet avait existé il y a 30 ans. Et se demander également si il y a une différence entre aujourd’hui et il y a 30 ans. Le film revêt une dimension paranoïaque qui touchera plus d’un spectateur…

Next Door fait un raccourci troublant entre notre époque hyper connectée et l’époque d’une demi-Allemagne sous le joug soviétique. Daniel Brühl rappelle la réalité de la DDR et la rapproche de notre temps de 2022, comme pour nous souligner que rien n’a vraiment changé…

Synopsis: A Berlin, Daniel est un acteur célèbre qui vit dans un bel appartement avec sa charmante compagne, leurs deux enfants et la nounou. Il s’apprête à décoller pour Londres où l’attend le casting d’un film de superhéros. En attendant son chauffeur, Daniel se rend au bar du coin sans savoir qu’il est suivi par son mystérieux voisin, Bruno. Cette rencontre préméditée va emmener Daniel vers les recoins sombres de son intimité. Bruno est bien décidé à lui faire vivre un enfer.