
Keith Jarrett est un pianiste mythique et l’enregistrement de son concert à Cologne en 1975 est son album le plus mythique. Génial improvisateur, il offrait aux spectateurs, à chacune de ses interprétations, une prestation unique et inédite. Au rythme de Vera raconte comment une jeune femme de 18 ans, Vera Brandes, a organisé le concert de Cologne en 1975, un album a été enregistré ce soir là et est devenu un succès majeur, Il est devenu l’un des disques de jazz les plus vendus au monde, le plus distribué de tous les temps avec ses 3,5 millions d’exemplaires vendus. Le film suit l’aventure rocambolesque de Vera pour faire aboutir le concert, non sans efforts ni sans humour.
Un film total
Par où commencer? Le film est un fourre-tout incroyable, il évoque autant son époque que l’énergie de la jeunesse et la magie du piano. Vera Brandes (magnifique Mala Emde) est une jeune femme de son époque, éprise de liberté et d’aventures. Il faut qu’elle soit dénuée de jugeotte pour ne serait-ce qu’imaginer organiser des concerts pour un saxophoniste anglais rencontré par hasard dans un bar. Comme elle ne savait pas que c’était impossible, elle l’a fait. Et suite à sa découverte du talent extraordinaire du pianiste Keith Jarrett, elle se met en tête de le faire venir pour un concert à l’opéra de Cologne. Malgré les obstacles, elle insiste tant et tant que le concert a lieu, rentré depuis dans les annales. Le film suit un rythme fou pour étayer l’aventure folle d’un concert dont le film ne divulgue aucune note, laissant aux spectateurs le soin d’écouter (ou de réécouter) par ailleurs un moment de musique incontournable. La bande son se compose de musiques de son époque, avec Can évidemment (emblème du Krautrock allemand) et le concert se déroule avec le son d’une autre musique. Le film montre aussi le fossé générationnel entre Vera et ses parents beaucoup plus austères, d’une génération qui a connu le nazisme. Le père de Vera est d’ailleurs dentiste et le voir s’occuper d’un patient sans rechigner à le faire hurler de douleur rappelle le film Marathon Man… La jeune femme est pétillante, déterminée, volontaire, l’organisation du concert est un chaos sans nom, mais elle ne recule jamais, ne se laisse jamais abattre. Les conditions dans lesquelles le concert est organisé sont proprement catastrophiques. L’Opéra n’a accepté d’organiser le concert qu’après beaucoup s’insistance, le piano du jour du concert n’est pas adapté au récital, Keith Jarrett souffre de douleurs persistantes au dos, et l’artiste a longtemps refusé de jouer dans des conditions si chaotiques. C’est uniquement sur l’insistance répétée de la jeune fille qu’il finit par accepter et par jouer ce qui devient ensuite le plus grand succès de jazz solo de tous les temps.
Le film montre un pur moment de magie et un personnage féminin bigger than life dans un déroulé finement monté et organisé. Le film se suit comme un thriller, avec une bonne dose d’humour et l’éternel sourire de l’actrice, irrésistible. Le film n’est hélas pas beaucoup diffusé en salles, mais il faut trouver une séance pour un énorme moment de cinéma vérité.
Synopsis: En 1975, Vera Brandes, une jeune femme ambitieuse de 18 ans, va défier les conventions, s’opposer à ses parents et prendre tous les risques pour réaliser son rêve : organiser un concert de Keith Jarrett à l’Opéra de Cologne. Son audace et sa détermination vont donner naissance à un des enregistrements mythiques du XXe siècle : The Köln Concert.