Blue Bayou est autant un témoignage qu’une fiction. Tous les ans, des milliers d’enfants adoptés et venus de l’étranger sont expulsés par l’administration américaine. Côté spectateur, l’incompréhension règne, car des familles sont déchirées, des enfants sont privés de leur papa ou de leur maman, la fin du film est quasiment insoutenable quand le héros interprété par le réalisateur lui-même doit quitter sa fille d’adoption. Grande émotion, grande sensibilité, en cela le film est une grande réussite car tracas administratifs, racisme latent et problèmes d’argent changent des destins en longs chemins de croix.

Un film épidermique

Plusieurs scènes resteront gravées dans l’esprit du spectateur. La fin insupportable où le père d’adoption doit quitter la fille de sa femme, un moment qui déchirerait le cœur des plus inflexibles, et le moment où Alicia Vikander (<3) chante la chanson Blue Bayou popularisée par Linda Ronstadt. Entre les 2, le film est d’une sensibilité à fleur de peau. Un coréen d’origine adopté par un couple d’américain est sous le coup d’une menace d’expulsion. Tout le film suit les tentatives pour contrecarrer l’inéluctable, entre flics racistes, problèmes d’argent et difficultés à surmonter le passé. Le réalisateur et acteur Justin Chon livre un grand moment de cinéma à fleur de peau, le personnage tente de surmonter les obstacles et de propager l’amour autour de lui, n’évitant que difficilement les obstacles mais restant toujours debout. Un beau moment de résilience qui in fine rend un hommage vibrant à tous ceux qui ont été expulsés manu militari des Etats-Unis par la faute d’une ineptie administrative qui nie leur américanisation. Comment réagir devant une infamie inepte et liberticide? Le film pose la question en proposant une version hautement lacrymale. Les photos d’individus réels expulsés par la faute d’une législation tronquée confirme le scandale ressenti par les spectateurs. Et comme le héros est en couple avec une Alicia Vikander toujours parfaite avec une petite fille trop mignonne et un bébé tout juste né, tout est fait pour adhérer à fond à la démarche du réalisateur.

Pas un bruit dans la salle à la fin du film, des torrents de larmes concluent le film, le pari est réussi. Le film est une lucarne ouverte sur une facette hautement critiquable de la soi-disant plus grande démocratie du monde. Et comme le film réussit à toujours tenir l’équilibre entre critique sociale et critique administrative, le contrat est grandement rempli.

Synopsis: Antonio LeBlanc, d’origine américano-coréenne, a été adopté et a passé sa vie dans un petit village du Bayou de Louisiane. Aujourd’hui marié à la femme de sa vie, Katy, ils élèvent ensemble Jessie, la fille de cette dernière, issue d’un premier lit. Alors qu’il travaille dur pour offrir ce qu’il y a de meilleur à sa famille, il va devoir affronter les fantômes de son passé en apprenant qu’il risque d’être expulsé du seul pays qu’il ait jamais considéré comme le sien.