Critique : La sortie conjointe chez O’Brother de « Chien de la casse » et « La plus belle pour aller danser » dans les salles de cinéma belges nous donne l’opportunité de mettre en parallèle ces deux titres à priori opposés mais partageant un même questionnement sur la quête d’identité d’une jeunesse en perte de repères. La notion même d’un flou émotif à travers les genres apparaît comme une valeur thématique forte que ces films abordent avec des tons différents.

Passons rapidement sur « La plus belle pour aller danser » qui, par le double masculin inventé par son héroïne, aborde un aspect plutôt malléable du genre qui permet de mieux se retrouver aux yeux des autres. L’idée n’est pas totalement brossée, le film reposant surtout sur de la comédie proche du marivaudage, mais il n’en reste pas moins des pistes intéressantes. Le regard plein d’incompréhension de Philippe Katerine souligne alors un besoin d’acceptation qui parvient même à toucher tout en dressant un joli portrait d’adolescente avec l’interprétation de Brune Moulin. Le film s’avère alors parfois perfectible mais parvient à esquiver les pièges tout en apportant quelques moments réussis, notamment lors de la verbalisation de la question du mensonge par amour.

De son côté, « Chien de la casse » semble s’orienter à priori vers la chronique sociale mais va dans une toute autre direction. Le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand va au contraire pleinement s’orienter dans une écriture assez fine de ses personnages pour parler de rapports de possessions divers. La façon dont la masculinité s’exprime passionne, mettant en exergue une vulnérabilité souvent dissimulée derrière un besoin d’appartenance qui bascule vers le toxique. Le trio d’acteurs principaux s’avère tout simplement parfait et la façon dont la mise en scène parvient à capter cette inquiétude de la solitude émotionnelle frappe d’autant plus.

De deux genres différents tout en dressant des portraits réussis à différents niveaux, « Chien de la casse » et « La plus belle pour aller danser » renforcent l’idée d’un cinéma français qui, dans des tons opposés, cherche à capter le regard d’une jeunesse face à son flou émotionnel. De cette réalité naît alors l’émotion, la vraie, par une incertitude forte et tangible.

Résumés :

Chien de la casse : Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l’arrivée au village d’une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d’amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place.

La plus belle pour aller danser : Marie-Luce Bison, 14 ans, est élevée par son père dans une joyeuse pension de famille pour seniors dont il est le directeur. C’est bientôt la soirée déguisée de son nouveau collège : son père ne veut pas qu’elle y aille… et de toute façon, elle n’est pas invitée. Mais poussée par Albert, son meilleur ami de 80 ans, Marie-Luce s’y incruste, habillée en homme. Ce soir-là, tout le monde la prend pour un garçon… un garçon que l’on regarde et qui plaît. Elle décide alors de s’inventer un double masculin prénommé Léo pour vivre enfin sa vie d’ado. Bien entendu, à la maison, la relation avec son père se complique.