Le film de James Mangold s’inscrit dans la même veine (mais dans un style différent) que ses précédents Logan ou Walk the Line. Des hommes fatigués sont confrontés à un destin contraire et doivent se battre pour imposer leurs idées. Christian Bale et Matt Damon portent le film sur leurs épaules à coup d’accent anglais pour le premier et bien américain pour le second. Avec une vraie scène culte quand Matt Damon prend le PDG de Ford dans sa voiture jusqu’à faire s’effondrer d’émotion le capitaine d’industrie et lui faire toucher du doigt ce qui fait le sel de la course. Un film qui ne parle pas que de voiture, mais surtout de résilience et d’humour.

Une histoire vraie palpitante

Le film part d’une base tout à fait véridique. La marque de sport italienne Ferrari a effectivement remporté 5 fois de suite l’épreuve mythique des 24 heures du Mans entre 1960 et 1964 quand un modèle Ford mythique intitulé GT40 a réussi à renverser l’ogre supposé imbattable en 1965. Par la grâce d’un constructeur opiniâtre et d’un pilote soupe au lait, le géant US a réussi son pari. Le film porte essentiellement sur cette relation attirance/répulsion entre Carroll Shelby (Matt Damon) et Ken Miles (Christian Bale), chacun devant s’appuyer sur l’autre pour passer outre les obstacles bureaucratiques, techniques ou humains. Le film fonctionne sur la base de cette tension constante entre ces deux caractères bien trempés jusqu’au dénouement final, forcément tragique. Ce n’est qu’une histoire de voitures mais portée par ce qui fait le sel du cinéma américain, cette ambiance de chevauchée héroïque qui emprunt tout biopic évoquant des personnages inconnus mais qui gagnent des statures de héros. Les connaisseurs en accent noteront le parfait accent anglais de Christian Bale, pilote britannique devenu garagiste et parfaitement au point sur la meilleure manière d’optimiser une voiture de course. Sur ce point, il rappelle le Nikki Lauda antipathique mais expert interprété par Daniel Brühl dans le film Rush. Les 2h33 du film passent dans un souffle, entre accidents funestes, luttes de pouvoirs et tentatives de déstabilisation. Le Mans 66 faisait partie des films de 2019 à rattraper, il faut parfois ne pas hésiter à insister pour toucher le graal.

Le spectacle est au rendez-vous, une époque déjà lointaine est restituée avec maestria et les acteurs sont au top. Que demander de plus? Pour un film de voitures, celui-ci fonctionne parfaitement. Entre huile de moteur et freins qui grincent, les connaisseurs seront ravis. Les autres seront sûrs de passer un bon moment!