Tout a commencé dans les années 60 avec d’énormes ordinateurs d’un poids de plusieurs tonnes et avec une mémoire ridicule, surtout surtout comparé aux standards actuels. Puis plus l’informatique s’est démocratisée, plus le grand public y a eu accès, l’informatique est sortie des labos pour rentrer chez nous, dans le frigo ou sur le canapé. Et enfin Internet est arrivé et tout a changé, pour toujours. Forcément, le cinéma a suivi cette évolution pour en rendre compte dans des longs métrages devenus mythiques. Et parfois, le cinéma a tenté l’anticipation, parfois avec succès, parfois moins.

Au commencement était 2001, l’odyssée de l’espace

Quand sort l’opus de Stanley Kubrick en 1968, l’informatique est encore un concept nébuleux pour la plupart des êtres humains. Le retentissement mondial du film va promouvoir d’autant plus la nouvelle industrie des ordinateurs auprès des êtres humains lambdas. Intelligence artificielle, écrans omniprésents, assistance permanente, chacun comprend l’avantage qu’il pourra retirer de ce nouvel âge d’or technologique. Y compris au niveau du danger potentiel que l’AI représente si on en juge par le comportement déviant du super ordinateur HAL. Seul hic, même très crédible, le film est devenu un peu daté pour certains aspects, notamment le matériel. Ecrans cathodiques, manque de transparence, la matériel est encore pesant et encombrant. Mais l’idée est là, Kubrick et Arthur C. Clarke ont entrevu le futur, il sera informatique et connecté.

Aux sources de la technologie

Faisons un saut dans le temps jusqu’à nos jours. De nombreux films aiment à expliquer les premiers pas de scientifiques lancés dans des raisonnements tarabiscotés pour définir des trajectoires spatiales comme dans les Figures de l’ombre ou même mettre au point les premiers ordinateurs capables de décrypter des codes secrets comme dans Imitation Game. La matière grise est à l’honneur, ça mouline, et les plus outsiders de tous se révèlent parfois les plus talentueux. Les jeunes femmes noires du film de Theodore Melfi ou le Alan Turing très renfermé incarné par Benedict Cumberbatch dans Imitation Game avaient tout contre eux, ils ont pourtant contribué à des avancées théoriques majeures. Le cinéma aime à rendre hommage à ceux qui ont du combattre des préjugés pour imposer leur talent.

Les pionniers de l’ordinateur personnel dans les années 70

Le cinéma aime aussi à retracer les parcours de ceux qui sont devenus par la suite des milliardaires à l’origine de pans entiers de l’industrie actuelle mondiale. Si Bill Gates n’a pas encore eu à ma connaissance un film retraçant la création et l’envol de Microsoft, Steve Jobs a eu au moins deux biopics consacrés à sa trop brève existence. D’abord Jobs avec un très ressemblant Ashton Kutcher et surtout Steve Jobs avec un moins ressemblant mais plus habité Michael Fassbender et un scénario mitraillette d’Aaron Sorkin. Le caractère de cochon de Jobs est parfaitement retranscrit. Visionnaire, précurseur, insatiable mais aussi égocentrique, il faut bien ça pour abattre des montagnes. Les films sont récents et reviennent sur une longue histoire, qui débute dans les années 70, justement, temps où les ordinateurs personnels étaient encore de la science-fiction.

La percée des années 80

Qui dit avènement de l’ordinateur personnel dit IBM dans le monde, et Thomson dans l’hexagone. Qui n’a pas eu un TO7-70 ou un MO5 chez soi? Bref, les geeks se multiplient au cinéma, ils passent leurs journées à coder sur du basic, et sont blancs comme des cachets d’aspirine faute de suffisamment passer du temps au soleil. Le cinéma s’intéresse à cette nouvelle espèce d’êtres humains et tout le monde se souvient de War Games avec un Matthew Broderick essayant de sauver le monde d’une catastrophe nucléaire. Eh oui, début des années 80 et en 1983 en particulier, deux blocs existent toujours. Les russes avaient leur IBM, ça s’appelait BESM alias
БЭСМ. Les ordinateurs se multiplient dans les chambres des jeunes, mais ce n’est pas encore la panacée. Les mémoires restent limitées, même si les Amiga et les Atari permettent de s’amuser pendant de longues heures. Autre film marquant se situant dans les années 80, sans que ce soit clairement indiqué, Pi de Darren Aronofsky. Ce sont les disquettes et le style de l’ordinateur qui donnent des indices assez clairs avec ce génie que Wall Street essaye de recruter par tous les moyens pour se faire des pépettes.

La révolution Internet

Tout cela peut paraitre terriblement poussiéreux, et pourtant ceux qui ont vécu cette époque ressentent certainement la nostalgie des pionniers. Depuis 1998, changement de décor avec l’apparition d’une révolution encore plus déterminante, internet. Les communications sont instantanées, tous types de contenus peuvent être échangés, la vitesse est impressionnante et surtout, les tarifs ont chuté en flèche. Résultat, après le feu, l’écriture, le téléphone et la télévision, Internet a changé les vies, de ceux qui l’utilisent, mais aussi de ceux qui le font. Ainsi le meilleur film des années 2010 (pour moi) The Social Network sur la création de The Facebook avec le fabuleux Jesse Eisenberg dans le rôle de Mark Zuckerberg. Mais qui dit Internet dit également surveillance, espionnage et paranoia. D’où Ennemi d’état avec le duo Will Smith et Gene Hackman, ou Snowden d’Oliver Stone avec Joseph Gordon-Levitt. La NSA nous surveille tous, Big Brother est parmi nous, Internet change la vie mais peut causer la perte de ceux qui ne sont pas dans le droit chemin… Et puis James Bond, il ne se balade plus sans ses gadgets numériques, son laptop et plein de joujoux couteux…

Et demain?

Les nouvelles technologies ne cessent d’accumuler les révolutions, avec la fusée Space X d’Elon Musk ou les lunettes digitales de Google. Là où le cinéma a parfois eu du mal à anticiper les technologies de demain, comme dans Blade Runner et ses ordinateurs très Steampunk, certaines choses sont encore difficilement concevables aujourd’hui, et pourtant, on se dit pourquoi pas. Le film Transcendance imagine le premier ordinateur doté d’une conscience capable de réfléchir de manière autonome. Quand on voit qu’un ordinateur est capable de battre un grand maitre aux échecs, le concept ne parait pas si farfelu. Ou Ex-Machina qui imagine une nouvelle intelligence artificielle apparaissant sous les traits d’une très jolie femme robot prénommée Ava (interprétée par Alicia Vikander <3). Ou Her avec ce nouveau système d’exploitation OS1, auquel le héros donne une voix féminine. Ou Tron avec ce personnage qui réussit à s’infiltrer dans des circuits pour se téléporter dans un jeu vidéo. Ou Matrix… bref, l’imagination n’a aucune limite pour imaginer demain, pour le meilleur et pour le pire….

Les nouvelles technologies informatiques et numériques au cinéma permettent à l’imagination de s’exprimer sans limite. Avec souvent beaucoup de pertinence, l’histoire nous le montre, les personnages les plus transversaux sont ceux qui permettent de faire avancer les choses, pour le bien collectif, malgré les écueil inévitables. Maintenant, le champ des possibles est large, en matière de miniaturisation, de santé, même de voyages spatiaux…