À sa sortie, Drive  a fait énormément de bruit. Auréolé du prix de la mise en scène au festival de Cannes, ce film a mis en avant aux yeux du grand public Ryan Gosling et Nicolas Winding Refn. Mais est-ce que ce film méritait autant de retours positifs ?

Le Driver est un jeune homme mutique. Il passe son temps à conduire, que ce soit pour des cascades dans des films ou des braquages. Un jour, il rencontre Irene, sa voisine, qui va chambouler sa vie…

Figure (in)humaine

Les premières minutes suffisent pour iconiser la figure du Driver. Plus qu’un personnage en effet, c’est à une silhouette plus qu’à un être humain à laquelle nous sommes confrontés. Il suffit de voir comment il se comporte pour le comprendre : le Driver tente d’être humain mais est déconnecté de notre monde. Ses agissements se rapprocheront même du boogeyman dans certaines séquences, notamment un meurtre sur une plage où il avancera masqué, comme s’il reconnaissait sa figure de forme plutôt que de personne. Le jeu de Gosling est ainsi exemplaire : il représente plus une idée qu’un être de chair et de sang, parlant peu mais agissant. Sa rencontre avec Irene le confrontera à l’amour et à la violence dont celui-ci regorge. Le tout explosera d’ailleurs en sa présence, lors de la meilleure scène du film où ils sont dans un ascenseur, comme si ce décor exigu le contraignait à dévoiler sa nature profonde.

Cité électrique

Ses mésaventures, il va les vivre dans une ville à l’aspect électrique de nuit, un aspect renforcé par la musique de Cliff Martinez et par le travail de photographie de Newton Thomas Siegel. Elle dégage ainsi une force brute qui permet de se sentir impliqué avec le Driver. Il y a un aspect létal et dangereux qui en ressort, excepté quelques instants où elle semble plus paisible, comme dans la pause du Driver avec Benicio et Irene sur fond de la chanson  Real Hero . C’est comme si Los Angeles dégageait un charme vénéneux, mortel mais attirant en même temps, ce qu’arrive à faire ressentir avec talent Refn par le biais de mouvements de caméras précis ainsi qu’un travail sur la composition des plans (la présence en photo de Standard lorsque le Driver est avec Benicio et Irene).

C’est donc comme un film violent et romantique que l’on peut décrire  Drive , une œuvre où se dégage une ambiance forte qui aspire le spectateur dans ce récit où la voiture complète un être qui ne sait si cela vaut le coup d’être « humain » mais restera définitivement une icône du cinéma américain…