Johnny Depp fête ses 53 ans aujourd’hui, le bon moment pour revenir sur sa riche carrière. Taxé de bad boy après ses frasques personnelles (passion tumultueuse avec Wynona Rider, chambres d’hôtel dévastées, comportement hiératique), l’acteur américain a su gagner une légitimité artistique, devenant un habitué d’illustres réalisateurs (Terry Gilliam, Tim Burton, Jim Jarmush) et un acteur régulier de blockbusters (Pirate des caraïbes). Sa belle petite gueule lui a ouvert les portes de la gloire avec son rôle mythique de Tom Hanson dans la série 21 Jump Street avant de s’investir sur le grand écran. Petit tour d’horizon de ses rôles marquants.
Premier rôle en 1984 dans Les Griffes de la Nuit. Johnny se fait dépecer par Freddie Kruger. Johnny a encore un beau brushing et un look so eighties. Rôle pas inoubliable mais c’est le premier. George Clooney a eu ses tomates tueuses, Johnny a eu Freedie. Chacun sa croix. Quand même, cette coupe de cheveu à la McGyver, ça la fout vraiment mal… mais c’était la mode, il a juste suivi le mouvement, on ne peut pas lui en vouloir. Mais quand même, c’est horrible…
1986, Johnny apparait dans Platoon. Le film d’Oliver Stone retrace la piteuse épopée américaine au Vietnam et on voit surtout Charlie Sheen, Willem Dafoe et Tom Berenger. Mais Johnny fait une apparition remarquée. Il est un jeunot balancé dans un conflit cruel et incompréhensible. Il personnifie l’innocence bafouée, la fin du rêve américain, son personnage n’a rien à faire dans ce mercier. Il devrait draguer les minettes au lieu de tenir un M16… monde de merde…
1990 est l’année du décollage vertical. D’abord avec le Cry Baby de John Waters et surtout l’Edward aux mains d’argent de Tim Burton. Une génération de fans se souvient de ces larmes versées devant ce personnage perdu dans le monde d’humains hypocrites et sans pitié. Le personnage le plus pleuré de l’histoire du cinéma, certainement. Pourquoi tant de haine? Johnny livre une prestation tout en subtilité qui le lance, rien de moins. Quand à son rôle dans Cry Baby, il vaut surtout pour la folie du réalisateur. Pas d’extrémités comme pour Divine dans Pink Flamingos, mais un rôle qui contribue à sa notoriété grandissante. Et puis il interprète un rebelle bad boy briseur de coeurs, son image publique s’en inspirera pendant longtemps…
Les années 90 sont celles d’un cinéma indépendant et exigeant. Pas de rivière de dollars ni de premiers rôles dans des blockbusters. Juste des rôles inoubliables, ce qui est en fait pas si mal. Suivront des apparitions légendaires dans Arizona Dream, Gilbert Grape, Ed Wood, Dead Man, Donnie Brasco avec Al Pacino, Las Vegas Parano, La 9e porte, Sleepy Hollow, Blow, From Hell. Que des pépites où il livre des prestations inoubliables. Comparé pendant longtemps à un Brad Pitt embourbé dans des productions mièvres fleur bleue pour midinettes adolescentes, Johnny se démarque par un parcours atypique, iconoclaste, original et clairement excitant. Il se grime, varie les poses et les personnages, se met en danger et donne l’impression de se faire plaisir. Il s’amuse et multiplie les perfomances titanesques. Puis arrive 2003…
Le pire est que Johnny donne une portée inoubliable à son personnage de Jack Sparrow dans Pirate des Caraïbes. Il en fait un personnage illuminé, un peu allumé et comme constamment sous psychotropes. La production Disney prend des allures de festival Johnny Depp tant son personnage vampirise les autres acteurs. Il roule des yeux, joue avec ses mains et multiplie les mimiques irrésistibles. Peut on lui en vouloir d’avoir voulu faire rentrer du cash (beaucoup) tout en conservant son originalité artistique? Inspiré de Keith Richards et des images de pirates héroïques imprimées dans l’imaginaire collectif, Johnny vend son âme au diable mais conserve sa crédibilité artistique. Respect. Surtout que ni Keira ni Orlando Bloom ne lui arrivent à la cheville…
Si le rôle de Jack Sparrow ravit public et critiques, la carrière de Johnny Depp devient moins excitante. Ses rôles sont moins surprenants, ses prestations perdent de leur superbe. Coïncidence? L’attrait du billet vert modifie les perspectives et l’intérêt artistique passe au second plan. Les années 90 resteront sa période dorée pour toujours. Car ni Neverland, Charlie et la chocolaterie, Sweeney Todd, Public ennemies, Dark Shadows, Transcendance, Charlie Mortdecai, Strictly Criminal ou Alice au Pays des Merveilles n’approchent le niveau des films des années 90. Il se grime toujours aussi souvent mais ça ne fonctionne pas aussi bien. L’effet de surprise s’est émoussé et les films sont peut être moins bons et ambitieux… mystère…
Alors qu’un 5e épisode de Pirate des Caraïbes est annoncé, qu’attendre de plus de la part de l’ex-Bad Boy catalogué alcoolique frappeur de nanas par les tabloïds? Si sa jeunesse cinématographique a été audacieuse et gagnante, il a perdu un peu de sa grinta, de son gout du risque. Il se cantonne à des projets balisés voire répétitifs par rapport à des rôles antérieurs. Il fait attention à son image et ne prise plus les outsiders. C’est bien dommage. D’autant que Brad Pitt s’est risqué depuis dans des directions plus aventureuses avec le succès que l’on sait. En choisissant d’apparaitre dans les films de David Fincher ou Inarritu, il a fait des choix gagnants.
Les critiques autant que le public sont cruels et ont la mémoire courte. Johnny Depp a brillé de mille feux pendant sa période glorieuse. Tim Burton a su le magnifier et Terry Gilliam lui a donné des rôles flamboyants. Les années 90 ont été les années Johnny Depp et je garde des souvenirs de séances ciné où j’étais littéralement scié par l’acteur. Esbroufe, audace, peu de rien, il a su tout casser. Donc ne brulons pas trop vite notre idole. Peut être ne vieillit il pas si bien, mais combien même… c’est une star américaine, une vraie. Et sa carrière parle pour lui. Tout simplement.
Le futur sera peut être plus brillant avec des rôles plus matures. Il ne sera plus le rebelle mais le vieux sage qui forme ses padawans… un rôle dans Star Wars? Et pourquoi pas? Tout en vert avec un sabre laser, il ferait un Yoda jeune tout à fait crédible… et la force serai avec lui