Critique : En vogue aux États-Unis durant les années 50, le film noir semble connaître une présence moindre ces dernières années dans le paysage cinématographique grand public. Est-ce en lien avec une actualité constamment morose ou bien la mise en avant de titres plus facilement accessibles à une large audience ? Nous ne connaissons pas la réponse mais c’est dans ce genre de cas qu’on apprécie le travail d’éditeurs comme Elephant Films pour remettre en avant des perles d’époque. Ainsi, ce « Rôdeur », disponible depuis quelques temps en édition physique, devrait ravir les amateurs du genre.
Il faut bien admettre que la présence de Joseph Losey derrière la caméra instaure rapidement une certaine atmosphère. Le metteur en scène de « The Servant » capte rapidement ce rapport d’observation et de contrôle par le regard qui va se maintenir tout au long de la narration. La façon de dévier le rapport de danger vers un policier lambda trouve un ancrage fort tout en distillant des zones où la morale se confond et se mélange. Sa réorientation narrative accentue ce rapport à l’appartenance impossible avec une intelligence qui enrichit le long-métrage tout en renforçant une certaine amertume émotionnelle bien à propos avec le sujet.

La ressortie de ce « Rôdeur » chez Elephant Films constitue alors une occasion en or de se replonger dans un délice de film noir, de ceux où le regard se transforme en arme et où la quête d’appartenance et de possession n’est qu’une illusion pour dissimuler son mal-être apparemment. Voilà du très bon film américain comme on en fait malheureusement beaucoup moins, ce qui renforce l’intérêt de (re)découvrir pareil titre.
Résumé : à l’occasion d’une ronde un policier retrouve une ancienne amie dont il devient l’amant. Il décide de se débarrasser du mari gênant.
