Si toute une génération d’enfants d’ici a été bercée par le dessin animé japonais contant les aventures des volleyeurs Jeanne et Serge, ce n’est pas un hasard. Car le Japon a connu l’époque d’une équipe féminine mythique, devenant un symbole de la nation tout autant que ses judokas. Les sorcières de l’Orient mélange images de manga et images d’archives pour un récit inattendu. Nous avons les footballeurs, les japonais ont eu leurs volleyeuses.

Un documentaire iconoclaste

Le documentaire fait appel aux protagonistes de l’équipe de volley féminine des années 60 pour conter une histoire très mal connue de par ici. Après la seconde guerre mondiale, le Japon ravagé se reconstruit et toute la population met la main au collier, travaillant d’arrache pied pour permettre un retour à la prospérité. Des employées d’une usine textile se retrouvent après la journée de travail pour s’entrainer au volley, d’abord en amatrices, jusqu’à ce que leur renommée grandissante les placent dans l’équipe nationale. Le film insiste sur les compétitions et surtout le méthodes d’entrainement dantesques initiées par leur entraineur. A coup de ballons dans le visage et dans le corps, il a amené l’équipe nationale à un niveau invraisemblable. Les années 60 voyaient la suprématie de l’équipe soviétique battue en brèches par cette équipe crainte de par le monde et surnommée les sorcières de l’orient. Les méthodes intransigeantes de l’entraineur laissaient des marques sur le corps des joueuses, tout le monde se demandait si elles n’étaient pas maltraitées par leur entraineur, véritablement martyrisées 6 jours sur 7 par leur démiurge. Résultat, championnat du monde 1962, Jeux Olympiques 1964 et 258 victoires de suite sans aucune défaite. Images d’archives et images de manga défilent avec une musique électronique rappelant Kraftwerk pour une ambiance vintage du meilleur effet. Agées de 70 ans aujourd’hui, les anciennes volleyeuses racontent leur épopée avec nostalgie, consciente de leur place dans l’histoire de leur pays. Si le rythme est parfois un peu lent, les images parlent d’elles-mêmes, jusqu’à se demander si quiconque accepterait aujourd’hui de telles méthodes d’entrainement.

Une image montre clairement une joueuse au sol, à bout de forces, incapable de se lever et se prenant des ballons dans la tronche, l’entraineur ne baissant pas de rythmes. En larmes, elle attaque son entraineur, ses coéquipières les séparent avec peine. Mais après les victoires, elles enlacent ce même entraineur et lui font la fête. Voilà, toute une époque en somme.

Synopsis: Japon années 1960. Alors que Tokyo, en pleine reconstruction, signe son grand retour sur la scène internationale avec l’organisation des JO, un groupe de jeunes ouvrières connait un destin hors du commun. Après le travail, elles s’entraînent dans les conditions les plus rudes pour se hisser au sommet du volley mondial. Bientôt surnommées les « Sorcières de l’Orient », elles deviennent le symbole du miracle japonais. Leur histoire nourrira la pop culture durant des générations…