Inutile de présenter le personnage de John Rambo, pendant guerrier de Rocky qui valut la reconnaissance à Sylvester Stallone. Si Rambo : First Blood, le premier opus est à juste titre devenu un film culte, ses deux suites étaient plus controversées. De la caricature au Viet-Nâm (Rambo 2 : La Mission) restant néanmoins regardable à la bouffonnerie en Afghanistan (Rambo 3), véritable nanar, il fallut attendre John Rambo, le quatrième opus de la saga, pour retrouver le plaisir des débuts. Si ce dernier apportait une conclusion intéressante aux péripéties de notre increvable bourrin préféré, était-il réellement nécessaire de sortir le vétéran de sa retraite ? Globalement massacré par la critique internationale (certains journalistes se lâchant même en accusant Stallone de racisme, passons…), que vaut ce cinquième opus de la saga Rambo ?

Rambo se met au vert

Si l’on omet les premières minutes inutiles du film dans lesquelles notre héros se fait bon samaritain en tentant de sauver de crédules touristes d’une catastrophe naturelle, le début du film est plutôt plaisant. John Rambo vit une paisible retraite dans un ranch en Arizona, accompagné de sa vieille amie Maria et de Gabrielle, la petite-fille de cette dernière. Ces quelques instants contemplatifs sont agréables à découvrir, de grands plans lents permettant aux personnages de se développer. Stallone ressemble à un vieux chêne et dispense parcimonieusement quelques sages maximes en chevauchant sa monture. Le calme avant la tempête.

Un seul être vous manque, et tout le cartel est décimé

Le scénario tient en une phrase : Gabrielle est kidnappée par le cartel, et Rambo n’est pas content. Pas la peine de chercher de message politique dans ce cinquième opus, contrairement notamment au premier et au quatrième film : il n’y en a pas. Stallone nous propose un message familial très clair : « touche à mes proches, et je te ferai souffrir ».
Après une brève incursion au Mexique plutôt réussie, Rambo réintègre son ranch pour préparer son final grand-guignolesque : le massacre d’un cartel entier. Sorte de fusion entre Maman, j’ai raté l’avion et Commando, le tout généreusement arrosé d’hectolitres d’hémoglobine, la dernière partie du film est un véritable festival de gore, totalement jouissif et régressif, qui terminera en apogée par l’exécution du grand méchant dont il serait dommage de dévoiler ici la teneur.
Rambo : Last Blood se permet tous les excès au cours d’une vingtaine de minutes en hommage à l’âge d’or des plus grands séries B les plus bourrines.

Ne boudons pas notre plaisir

Bien sûr, le film n’est pas parfait. Scénario aussi long qu’une blague Carambar, disparition de tout message politique, surenchère du gore, effets spéciaux parfois hasardeux : on peut lui trouver bien des défauts.
Raciste, réactionnaire, notre Stallone ? Quand on connait le personnage, cela paraît inimaginable. Difficile de comprendre cette interprétation au fil du film, tant il est évident que le cartel n’est qu’un vague prétexte pour justifier le torrent de fureur du héros.

Pourtant, le cahier des charges est plus que rempli. Si la mission est de divertir le spectateur, elle est pleinement accomplie. Véritable hommage aux fans et à un cinéma en voie de disparition, Rambo : Last Blood est un petit plaisir coupable, une madeleine de Proust dont il serait dommage de se priver, si tant est qu’on apprécie le genre. Espérons simplement que Sylvester Stallone évitera de nous proposer un sixième opus, dans lequel Rambo irait, par exemple, bousiller des aliens ?