Rentré dans la postérité pour quelques longs métrages devenus cultes, Sergio Leone n’a pas eu à chercher bien loin pour trouver l’inspiration. Tout comme George Lucas pour certains des éléments principaux de Star Wars, le génial réalisateur italien a volontairement et allègrement puisé à la source pour le premier volet de sa trilogie du dollar en copiant un film de Kurosawa pour son Pour une poignée de dollars. Tout comme pour les 7 mercenaires qui ne sont qu’une adaptation des 7 samouraïs, les western et les films de samouraï partagent la thématique de l’éternel combat entre le bien et le mal.. Retour sur les évènements
Un film de samouraï mythique
Yojimbo (Le garde du corps) a été réalisé en 1961 par Akira Kurosawa. Le réalisateur demande à son acteur fétiche Toshiro Mifune de prendre les oripeaux d’un samouraï errant débarqué dans un village terrorisé par deux clans rivaux. Pour délivrer la populace du danger représenté par la guerre meurtrière en cours, il s’allie alternativement à chacun des clans jusqu’à les faire se détruire mutuellement.
La réputation d’Akira Kurosawa était en pleine ascension après son Rashomon de 1950, ses 7 Samouraïs de 1954 et sa Forteresse cachée de 1958. Peu connu du grand public pour cause de langue japonaise retorse et de distance géographique importante, il faisait toutefois le plaisir des cinéphiles du monde entier. Lui-même cinéphile en diable, Sergio Leone prit connaissance du scénario de Yojimbo et décida de l’adapter sans même négocier les droits. Les producteurs n’anticipaient pas l’immense succès public du prochain film de Leone et ne prirent la peine de négocier qu’une fois les premiers résultats reçus, faramineux.
Des Samouraïs au Far West
Sergio Leone ne fait pas dans la dentelle et le scénario de Pour une poignée de dollars ressemble ouvertement à celui de Yojimbo. Les familles Baxter et Rojo se disputent la main mise sur une petite ville de la frontière américano-mexicaine. Un étranger propose ses services à chacune des deux familles jusqu’à se les faire s’entretuer. Vous n’avez pas lu quelque chose de similaire quelques lignes plus haut? Le tout jeune Clint Eastwood inaugure ses prestations de sauveur messianique dans ce western spaghetti rentré dans la légende. Il est l’étranger avant de devenir blondin dans Le bon, la brute et le truand. Et il ressemble furieusement à Mifune, vous ne trouvez pas? Même barbe naissante, même mine renfrognée, mêmes yeux plissés.
Tout comme le samouraï avant lui, il mène en bateau les deux familles jusqu’à prendre une redoutable rouste et défier le pistolero en chef dans un combat final homérique. Car Yojimbo compte un samouraï pistolero armé d’un 6 coups, seul individu à détenir une telle arme, ce qui est crédible si on considère que l’action est censée se dérouler en 1860. Pour une poignée de dollars joue aussi sur cette image de tueur de sang froid, finalement mis minable par l’étranger dans une scène de duel final devenue culte.
Une preuve de plus de la place centrale d’Akira Kurosawa dans la cinéma contemporain. Ca valait bien un article pour vous motiver à regarder ses films! Surtout Rashomon, Kagemusha et les 7 Samouraïs, ça vaut largement le coup! Vous m’en direz des nouvelles!