Cela fait quelques temps que le dernier Terrence Malick, Song to song , est arrivé en salles. Mais que vaut-il réellement ?

Sur fond de milieu de l’industrie musicale, des couples se créent et se brisent…

Il est difficile de rester de marbre face aux œuvres de Terrence Malick. En effet, sa personnalité et ses films ont autant tendance à provoquer l’admiration que le rejet, et  Song to song  ne risque pas de changer la donne. En effet, on peut qualifier l’œuvre de pure abstraction. Il semble, au fur et à mesure du visionnage, que le film ne dispose d’aucune véritable structure, que ce soit dans sa narration ou dans la nature de ses plans. Ces derniers ressemblent plus à une accumulation de séquences mises en avant par leur beauté. Aidé par Emmanuel Lubezki, directeur photographique sur  Birdman, Les fils de l’homme ou encore The revenant , Malick se laisse flâner et porter par la magie d’un instant, la force d’une image et la puissance d’un plan. Cette liberté peut sembler une audace parmi des films qui cherchent à conserver une même structure, une même ligne directrice. Ici, la ligne directrice semble être de ne pas exister, ce qui a le mérite de donner un cachet unique au récit, sur l’instant.

En ce qui concerne la manière même dont les protagonistes narrent leur histoire, nous sommes encore dans une façon de gérer cela sur l’instant, avec des voix offs datant de différentes périodes, avec ce que cela peut impliquer d’alternance entre passé et présent. Jamais Malick ne nous prend par la main. Il nous balance même entre ses protagonistes, nous laissant le choix ou non de s’attacher à eux au fur et à mesure qu’avancent et reculent leurs histoires romantiques. L’amour est au centre du récit, plus que la musique même. Les quelques apparitions d’artistes connus touchent d’ailleurs moins à une mise en avant de l’aspect musical du scénario mais plus de son instantanéité, de sa brièveté comme celle à laquelle on peut apparenter notre existence. Ce sont d’ailleurs des parenthèses touchantes, comme celle avec Patti Smith, qui posent une forme de sentimentalisme jamais exubérant mais assez présent pour le ressentir. Si Malick a tenté par cela de nous faire ressentir l’aspect indéfinissable du sentiment amoureux ainsi que son aspect souvent éphémère, il semble en tout cas faire mouche.

On sort de  Song to song  le cerveau à l’envers, incapable de savoir si l’on est exalté par Malick ou fatigué par son cinéma. Ce qui est sûr, c’est que c’est un film qui nous hante et garde un certain impact après son visionnage. Bon ou mauvais, c’est à vous de juger…