Chronique : Il y a des hasards de programmation qui amènent à des doubles séances imprévues. Ainsi, à l’occasion de leur projection au festival de Sundance, nous avons eu l’occasion de rattraper coup sur coup « Slow » et « Iron Butterflies », deux titres que tout oppose sur le papier. Rien que la nature fictionnelle du premier s’opposant à la place documentaire du second relève d’une séparation totale entre ces deux titres, sans compter leurs sujets. Pourtant, il pourrait être intéressant de souligner les résonnances entre un récit de vie et un autre de mort dans ce qu’ils approchent de l’art de la caméra avec autant d’aisance l’un que l’autre.

« Slow » semble plus facile à appréhender, commençant dans l’amour charnel pour mieux illustrer un rapprochement physique intense. Ici, tout est question de corps, notamment dans le sexe et la danse. L’impossibilité même de communiquer entièrement amorce un intérêt encore plus fort pour la physicalité de ses personnages, leurs maîtrises imposées dans leurs travaux là où les sentiments ne peuvent totalement s’appréhender en tant que tels. Un plan en particulier parvient à faire résonner cette séparation avec une beauté aussi simple que confondante : alors que Dovydas se trouve hors champ, il se matérialise dans un miroir derrière Elena, permettant aux deux de danser ensemble alors même que le cadre est censé les séparer. Il en ressort une vie, un amour, mais également une tristesse qui nous confond avec un certain éclat.

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De son côté, « Iron Butterflies » impose de mettre en images et de fouiller derrière leurs significations par son approche du crash d’un avion en Ukraine durant l’été 2014. La situation politique actuelle est évidemment prise en compte mais, surtout, c’est ce questionnement de ce qui est illustré qui point durant certains instants. Alors même que le crash a eu lieu, différentes images nous montrent les réactions sur le moment, s’interrogeant sur la nature même du véhicule détruit. C’est la mort qui résonne ici, celle de passagers malheureux dont le nom résonne très rapidement par la catastrophe politique qui se dessine et le besoin de rendre aux images leur place dans le processus d’investigation et de manipulation.

Vie et mort se répondent dans ces deux longs-métrages, opposés stylistiquement et thématiquement, mais méritant chacun l’intérêt dans leurs approches respectives. C’est l’histoire de communications qui se méprennent ou manipulent, de reprises de l’être par le corps ou par l’image et de gens qui doivent s’interroger sur leur propre mise en scène d’intimité. Il en ressort surtout une envie de cinéma qui rend « Slow » et « Iron Butterflies » hautement réussis et passionnants.

Résumé de « Slow » : La danseuse Elena et l’interprète en langue des signes Dovydas se rencontrent et forment un lien magnifique. Alors qu’ils se lancent dans une nouvelle relation, ils doivent trouver comment construire leur propre type d’intimité.

Résumé d’ « Iron Butterflies » : Pendant l’été 2014, les champs de tournesols et les mines de charbon de l’est de l’Ukraine se transforment en une scène de crime de 12 kilomètres carrés. Une enquête à plusieurs niveaux sur la chute du vol MH17, dans laquelle un éclat en forme de papillon retrouvé dans le corps du pilote met en cause l’État responsable d’un crime de guerre qui reste impuni.