Le Dernier Duel s’inscrit dans la veine des films récents bien trop longs. Si cela ne dessert pas Dune, Mourir peut attendre a fait bailler dans les chaumières et Le Dernier Duel souffre de redites trop nombreuses. Le film de Kurosawa, Rashomon, inaugurait avec panache la mode du récit raconté selon différents points de vue, rentrant par là même dans la légende. Le dernier duel reprend le même fonctionnement mais avec des différences minimes entre les récits qui posent la question de la pertinence du stratagème scénaristique.
Les âges sombres du Moyen-Âge
Le dernier duel ne recule pas derrière l’écueil du réalisme. Le spectateur peut presque sentir les odeurs putrides des latrines à ciel ouvert et des corps mal lavés. Les protagonistes ont des corps recouverts de cicatrices ramenées des combats incessants, et des mœurs primaires. Le pouvoir masculin prime sur la sensibilité et personne n’a la primauté de la sauvagerie. Matt Damon est Jean de Carrouges, personnage rustre, droit dans ses bottes, sincère dans ses convictions mais dénué de fantaisie. Continuellement la risée de ses pairs, il serre continuellement son frein pour ne pas ruer dans les brancards. Ses noces avec la belle Marguerite ne lui permettent pas pendant longtemps d’assurer sa descendance, lui attirant persiflage et commérages. Face à lui, Jacques Le Gris interprété par Adam Driver a su faire du puissant Pierre d’Alençon (Ben Affleck) un allié de taille en partageant son gout des coucheries et des alliances. Les deux personnages ont tout pour être opposés, pourtant ils se vouent une amitié réciproque jusqu’au drame, le viol supposé de Marguerite par Jacques. Le film montre les points de vue des 3 protagonistes pour laisser planer le doute sur la vérité. Tout est question de point de vue et les tempéraments divergents expliquent les différences subtiles entre les récits, sans apporter pendant longtemps de réponse définitive. Jusqu’au dernier duel du titre, dans la boue, à coup de lance, de hache, d’épée et de couteau. Il faut 2h20 pour y arriver, c’est quelque peu long et fastidieux. Sans être inintéressant, le film aime à se répéter, 3 fois, pour des impressions récurrentes de redites, de quoi user les patiences. La reconstitution historique est grandiose, les mœurs sont finement brossées, mais que c’est long…
Le dernier duel est un blockbuster qui ne sacrifie pas à la facilité, de quoi lui donner une vraie crédibilité. Sa longueur est quelque peu rédhibitoire, et c’est bien dommage.
Synopsis: Basé sur des événements réels, le film dévoile d’anciennes hypothèses sur le dernier duel judiciaire connu en France – également nommé « Jugement de Dieu » – entre Jean de Carrouges et Jacques Le Gris, deux amis devenus au fil du temps des rivaux acharnés. Carrouges est un chevalier respecté, connu pour sa bravoure et son habileté sur le champ de bataille. Le Gris est un écuyer normand dont l’intelligence et l’éloquence font de lui l’un des nobles les plus admirés de la cour. Lorsque Marguerite, la femme de Carrouges, est violemment agressée par Le Gris – une accusation que ce dernier récuse – elle refuse de garder le silence, n’hésitant pas à dénoncer son agresseur et à s’imposer dans un acte de bravoure et de défi qui met sa vie en danger. L’épreuve de combat qui s’ensuit – un éprouvant duel à mort – place la destinée de chacun d’eux entre les mains de Dieu.