Critique : L’importance du néoréalisme italien sur le paysage cinématographique transalpin reste ardente, à l’image de titres s’orientant pleinement vers une nouvelle itération du genre, le modernisant tout en respectant son héritage. La sortie chez Carlotta de ce « Bandits à Orgosolo » appuie alors cette influence avec un titre de plus de 60 ans et captant déjà tout ce que le mouvement laissera derrière lui après son opposition au cinéma des téléphones blancs.
Pour son premier long-métrage, Vittorio de Seta impose déjà une maîtrise formelle du cadre, celui-ci captant aussi bien le merveilleux de son milieu bucolique que l’âpreté des hommes qui vont affecter la région. La nature révèle l’homme et son imperfection, sujet tout trouvé du réalisateur qui filme tout cela avec une distance quasi documentaire pour mieux faire émerger le réel de la fiction. Il en sort alors une amertume, celle d’un mélodrame se chargeant de son contexte social pour mieux toucher, tout en émotion et dureté. La fatalité de la narration va alors se perpétuer tout du long comme un spectre inéluctable, renforçant la distanciation du film.
Récompensé à Venise en 1961, « Bandits à Orgosolo » mérite largement la curiosité cinépagesque par sa façon de se réapproprier déjà les restes du mouvement néoréaliste dans un drame aussi âpre que fataliste. Quand la fiction relève encore plus le réel, il s’en crée un bouillonnement aussi dur qu’important, rendant le long-métrage plus mémorable encore par tout ce qu’il véhicule de moderne dans sa mise en scène et d’intemporel par ses réflexions thématiques.
Résumé : Au cœur de la montagne rocailleuse et désolée de Sardaigne, Michele veille sur son troupeau de moutons avec son jeune frère Giuseppe. Un jour, trois étrangers débarquent dans sa bergerie, recherchés par les carabiniers pour avoir volé des cochons. Michele va se retrouver accusé à tort du vol puis du meurtre d’un des gendarmes perpétré par l’un des malfrats. Pour échapper à la prison, le berger décide de fuir dans la montagne en compagnie de son frère et de ses bêtes…