Le réalisateur tchèque Milos Forman avait livré un impérissable Amadeus en 1984. Un autre réalisateur tchèque Petr Vaclav s’intéresse à un contemporain de Mozart, Josef Myslivecek, pour le réhabiliter dans la galaxie des illustres compositeurs. Beaucoup moins connu, il a été reconnu et admiré dans l’Italie du XVIIIe siècle. Libertin, il a succombé aux affres de la syphilis, tombant dans l’oubli. Le film brosse un portrait complet d’un artiste décidé à faire son trou, non sans difficultés, dans un univers cosmopolite dangereux et truffé de pièges.

La musique en majesté

Le portrait s’établit sur une quinzaine d’années, de 1764 jusqu’à 1781, date du décès de Il Boemo – le tchèque – dans l’oubli complet. Le film fait replonger dans une époque où guerre et libertinage se font dans un univers dominé par une noblesse sans vergogne et toute puissante. Le personnage trouve des alliés, se fait des ennemis, séduit, trouve un amour contrarié et s’éteint non sans souffrance. Le film est tout emplit d’une incessante musique donnant à connaitre et à admirer l’œuvre de Myslivecek. Peu le connaissent avant le film, aussi peu l’oublieront après. A force de recherches, le réalisateur a accouché d’un scénario tangible avec une intrigue et une trame qui dépassent le simple cadre de la musique. Le film fait parler ses personnages dans toutes les langues, italien, tchèque, français, allemand, reflet d’un univers où les nationalités se croisaient sans cesse. Amour et séduction parsèment le film de regards lourds de sens entre le séduisant jeune compositeur et des dames désireux de mieux le connaitre. La relation la plus cinématographique est celle entre Josef et la Gabrielli, soprano illustre, têtue, d’un caractère mauvais mais à la voix enchanteresse. Attirance / répulsion, joutes verbales, rien ne fait pour en faire une relation marquante du film au cœur d’une époque où peu parvenaient à vire de leur art.

Une des scènes les plus mémorables du film tient à la rencontre entre le déjà adulte Boemo et le jeune et encore inconnu Wolfgang Amadeus Mozart. L’ainé est subjugué par le talent du jeune musicien trimballé dans toutes les cours d’Europe par son paternel avisé. L’influence conjointe souligne d’autant mieux le talent d’un compositeur tchèque mal connu. Un film des plus intéressants à découvrir en salles actuellement au milieu d’une nuée de blockbusters sans âme.

Synopsis:
1764. Dans une Venise libertine, le musicien et compositeur Josef Myslivecek, surnommé « Il Boemo », ne parvient pas à percer malgré son talent. Sa liaison avec une femme de la cour lui permet d’accéder à son rêve et de composer un opéra. Dès lors sa renommée grandit, mais jusqu’où ira-t-il ? La vie, l’œuvre et les frasques d’un compositeur de génie oublié que le jeune Mozart admirait.