Les Ardennes ne passe pas par 4 chemins pour décrire le quotidien miteux des prolos de la Belgique urbaine. Robin Pront reprend le mythe des frères ennemis en plaçant l’histoire dans une Belgique démunie de toute richesse. Traitement rugueux pour un film qui interpelle mais peine à décoller vraiment. Le cinéma belge enchaine les longs métrages coups de poing, il en faut maintenant beaucoup pour vraiment étonner!
Intrigue:
Entre petits boulots, ciel éternellement gris et larcins à la petite semaine, les frères de Swaef butent contre le plafond de l’ascension sociale. Quand le grand gère finit en taule, le petit frère tente de sortir du cercle vicieux et finit avec la copine du frangin. A la sortie de Kenny, le petit frère David tarde à avouer sa trahison. Devant le caractère impulsif de l’ainé, ses hésitations vont mener la fratrie dans une impasse sanglante.
Analyse:
La Bande annonce promettait le chaos, le film ne déçoit pas de ce côté là. Aucun poncif n’est épargné. Voiture de sport tunnée, alcool à foison, drogue à disposition, musique techno omniprésente et bruyante, l’atmosphère est naturellement anxiogène. Si on ajoute les têtes de loubard des deux acteurs Kevin Janssens et Jeroen Perceval ne font rien pour améliorer le tableau. Quand en plus Veerle Baetens (Un début prometteur, Alabama Monroe) commence à agiter son petit minois, c’est autant le mythe de la fratrie que de l’amour éternel qui sont attaqués et mis à mal.
Mines patibulaires et sourires en coin font craindre le pire à chaque instant et si la tension reste longtemps inoffensive, le dénouement sert les flots de violence attendus, sur un plateau. Violence et acharnement finissent par punir les velléités d’amendement du cadet. Le mythe des fratries ennemies gagne un nouveau membre. Romulus et Rémus, Cain et Abel, les frères Kray dans Legend et j’en passe… c’est un classique du thriller depuis toujours. Difficile de s’amender quand tous les éléments sont contre vous et vous forcent à replonger, Al Pacino en sait quelque chose depuis son rôle dans L’Impasse de Brian de Palma.
Alors pourquoi Les Ardennes ne se hissent pas au panthéon du thriller? Peut être à cause de ces trop nombreux silences et cette économie inutile d’action au profit de trop nombreux atermoiements. La tension règne en maitre pour un scénario qui ne tient pas toutes ses promesses.