annCe fameux inconnu de la Grande Arche, c’est le concepteur danois Otto von Speckelsen à l’origine de l’idée du cube creux et monumental à La Défense dans l’axe historique de Paris. Le film montre un cheminement romancé et tortueux entre le choix initial du cube et la disparition dramatique de son concepteur avant même la finalisation du projet.
Un biopic tortueux
Il faut débuter par une évidence, le film sera mieux reçu par les passionnés de Paris et/ou de politique. Michel Fau fait un François Mitterrand pas très ressemblant mais fort crédible avec ses manières florentines en diable, jamais un mot plus haut que l’autre mais un charisme presque démoniaque. Xavier Dolan est Jean-Louis Subilon, conseillé zélé du président toujours sur le dos de l’architecte danois. Ce dernier est interprété par le peu connu dans nos contrées Claes Bang, monolithique et d’une rigueur toute nordique, il m’a rappelé mon beau-père. Inflexible sur les détails esthétiques son bâtiment, il doit se battre (en pure perte) contre les impératifs monarchiques de l’état français, et quand la cohabitation arrive, c’est l’hallali. Ses choix sont remis en cause, sa vision est tronquée, sans excuses ni vergogne. Le film montre le fonctionnement complexe des décisions étatiques et le peu de pois d’un homme face à la machine institutionnelle, et si en plus il est un peu trop sensible, tant pis pour lui. Les acteurs sont au diapason, ils fument comme des pompiers à l’image des individus des années 80, le style vestimentaire est adapté, les voitures font replonger dans le passé (petite pensée pour la R30 présidentielle). C’est un vrai voyage dans le temps, avec des images d’époque empruntées à des documentaires antédiluviens pour raviver une époque où le quartier de La Défense était encore en construction, avec un trou immense à 2 pas du CNIT. Le caractère inflexible de l’architecte agacera le spectateur quelque peu surpris par tant de raideur. Surtout que son destin est tragique, il ne verra pas son œuvre finalisée et le projet lui échappera totalement, tout juste si son nom n’est pas aujourd’hui au profit de l’architecte adjoint Paul Andreu , interprété par un Swann Arlaud toujours aussi convaincant. A noter la prestation impeccable d’une Sidse Babett Knudsen impeccable en épouse du Schtroumpf grognon danois.
Le film ne marquera pas les esprits pour longtemps mais il reste un bon moment de cinéma historique, politique et psychologique.
Synopsis: 1983, François Mitterrand décide de lancer un concours d’architecture international pour le projet phare de sa présidence : la Grande Arche de la Défense, dans l’axe du Louvre et de l’Arc de Triomphe ! A la surprise générale, Otto von Spreckelsen, architecte danois, remporte le concours. Du jour au lendemain, cet homme de 53 ans, inconnu en France, débarque à Paris où il est propulsé à la tête de ce chantier pharaonique. Et si l’architecte entend bâtir la Grande Arche telle qu’il l’a imaginée, ses idées vont très vite se heurter à la complexité du réel et aux aléas de la politique.