Critique : Une chose que l’on a la chance de faire en chroniquant des livres est de sortir des sentiers battus, de notre zone de confort littéraire où l’on aime parfois se perdre afin de mieux s’éloigner du réel (à défaut de pouvoir constamment l’approcher pour mieux le contempler). C’est exactement pour cela que nous avons tenté ce « Lettré chinois côté cour et côté jardin » écrit par François Lauwaert et proposé depuis un moment par la maison d’édition de l’Académie Royale de Belgique.

Difficile de ne pas ressentir l’investissement total au long des 150 pages composant cet ouvrage de poche tant l’immersion est intense. On sent l’approfondissement du regard culturel dans la société de l’Empire chinois, amenant une approche clairement intéressante et ce même en dépit du manque de connaissances que l’on peut avoir sur le sujet avant notre lecture. La professeure nous intègre dans ce passé avec ce qu’il faut de liens intellectuels pour lier connaissances du passé et d’aujourd’hui, rapprocher les périodes mais surtout raconter un pan social et historique avec autant d’intellect que d’affect. Les quelques illustrations qui émaillent appuient la visualisation du livre, déjà bien amenée par l’écriture à son service.

On se retrouve même à trouver « Le lettré chinois côté cour et côté jardin » un poil trop court tant on esquive le simple ouvrage didactique, François Lauwaert ayant une bonne plume de professeur pour raconter mais également amener cette vision du monde avec un certain éclat. Cela en fait en tout cas un petit livre qui se découvre rapidement, juste assez pour parler de culture, de politique et d’histoire (oui, ces sujets sont invariablement liés mais cela mérite d’être rappelé) de façon attrayante mais toujours éduquée. Si vous ne savez pas quoi offrir à vos proches amateurs d’histoire en cette fin d’année, voici un petit conseil de notre part !

Résumé : Sous l’Empire, c’est parmi les lettrés que se recrutaient les élites politiques, littéraires, artistiques et intellectuelles. Ce livre explore les relations complexes tissées au fil du temps entre ces ensembles qui ne se recoupent que partiellement. Côté cour : l’apprentissage des classiques et l’épreuve des concours, les tâches administratives et la sociabilité officielle ; côté jardin : la poésie, la pratique des arts du pinceau et la quête spirituelle vivifiée par le contact avec la nature sauvage ou apprivoisée dans le jardin.