Il n’est pas rare que certaines franchises de jeux vidéo qui s’institutionnalisent restent sur leurs acquis et se contentent de sortir plus ou moins le même opus chaque année. Si la licence Pokemon a su se diversifier avec des genres différents (dungeon crawler avec la Donjon Mystère, action avec Ranger, flipper avec Pinball, allant jusqu’à la réalité virtuelle avec Pokemon Go,  et j’en passe …), la série principale est toujours restée plus ou moins la même, ne prenant que peu de risques à chaque nouvelle génération. Et si les choses changeaient enfin avec Pokémon Soleil ?

 

Une grande prise de risque, plus ou moins réussie

Si Pokemon : X et Y ressemblaient à une sorte de collection de ce qu’il y avait de meilleur dans les anciennes versions et n’apportait aucun changement significatif hormis les Méga-Évolutions, Pokemon : Soleil et Lune ont décidé de dépoussiérer la licence à grands coups de nouveautés.

Le passage d’une région « neutre » telle qu’on a pu voir dans toutes les anciennes versions, à la région exotique qu’est Alola (inspirée d’Hawaii) a en effet apporté de nombreux changements. Les plus frappants se retrouvent dans le gameplay, notamment grâce à la suppression des fameuses arènes qui constituaient le chemin vers la Ligue Pokemon. A la place, cette version nous propose des épreuves au bout desquelles on affronte un Pokemon Dominant, c’est-à-dire un Pokemon aux statistiques augmentées. Cependant, soyons honnêtes : ce changement ne concerne que la forme. En effet, les épreuves restent catégorisées par types, on retrouve des combats intermédiaires, et les combats d’arène possédaient également tous un Pokemon légèrement plus puissant que les autres.

Un autre changement plutôt surprenant concerne certains Pokemon eux-mêmes. En effet, Game Freak a décidé de changer l’apparence et le style de certaines de ses créatures. Dîtes bonjour à de nouvelles formes typiques d’Alola telles que l’Ossatueur Feu/Spectre, le Raichu Electrik/Psy ou encore le Tadmorv bariolé Poison/Ténèbres. Ce changement est le bienvenu, permettant de donner une véritable crédibilité au côté exotique de cette nouvelle région. La plupart des designs sont très réussis, cependant on peut observer quelques ratés. Ci-dessous, une comparaison entre le nouvel Ossatueur, très classe, et un Persian qui malheureusement se tape une tête de Mini BN.

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En termes de combats, la série n’a que peu changée et garde la base présente depuis la première génération. Quelques changements sont cependant décelables, notamment des évolutions de nouveautés introduites dans Pokemon X et Y. Le système de horde a ainsi été remplacé par la possibilité pour un Pokemon d’en appeler un autre au secours, et les Mega-Evolutions ont cédées leur place aux Capacités Z, à savoir des attaques surpuissantes que l’on débloquera au fur et à mesure de l’aventure. Au rang des réelles nouveautés, on notera la création d’un système permettant de prendre soin de ses Pokemon après chaque combat, ayant pour effet de renforcer les liens avec le dresseur. Si la tâche peut paraître ennuyeuse, elle est néanmoins utile car si un dresseur est proche de son dresseur, il assénera plus facilement des coups critiques et évitera plus souvent les attaques. Ces petits changements sont appréciables car ils continuent à faire évoluer le système de combat de la licence qui avait eu tendance à stagner par le passé.

Certains changement se font également plus discrets, mais savent se faire apprécier. Par exemple, la disparition des CS, particulièrement embêtantes et rigides dans les versions précédentes, ici remplacées par des montures que l’on peut appeler à l’envie, chacune avec sa propre spécialité (le Mackogneur pousse les blocs comme avec la CS force, le Dracolosse permet de voler d’une ville à l’autre comme la CS vol …) ou encore l’apparition du Poke Loisir, une île à part vous permettant d’entraîner vos Pokemon, de leur trouver à manger, les envoyer chercher des trésors … Enfin, il convient de mentionner la Place Festival, sorte de hub servant à trouver des matchs en ligne de façon inutilement compliquée et réaliser des activités ennuyeuses.

Bref, Pokemon : Soleil et Lune marque une rupture plus importante que n’importe quel autre épisode de la licence avant lui. Si la majorité des changements sont appréciables voire bienvenus, certains comme l’inutile Place Festival font un peu d’ombre au tableau.

 

Graphismes et design: le plus beau des Pokemon

Si l’intérêt de Pokemon ne repose pas sur ses graphismes, il convient néanmoins de saluer le travail des équipes artistiques. Les décors sont riches et variés, les attaques des Pokemon sont totalement animées (les Pokemon bougent lorsqu’ils attaquent), et les graphismes sont impressionnants, prouvant encore une fois que la 3DS en a dans le ventre. Je ne commenterai pas le design des nouveaux Pokemon, personne n’étant jamais d’accord à chaque sortie d’un nouvel épisode, et ayant déjà parlé de la refonte des designs des Pokemon des versions précédentes.

 

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L’écriture et les personnages, plus aux fraises que jamais

 

Malgré tous ces changements, le jeu garde cependant un défaut présent depuis le premier épisode: l’écriture et les personnages. On avait déjà eu le droit aux dialogues absurdes, aux personnages énervants et aux barrières injustifiées, mais là c’est le ponpon. On retrouvera donc l’énervant Tili, toujours naïf, Lilie, l’assistante inutile et franchement gourde du professeur, Gladio et son air de faux ténébreux absolument pas crédible, et enfin le personnage principal (nous), se payant un sourire béat durant la totalité du jeu, même lorsqu’il voit que toute la région risque d’être détruite. Je ne pense pas qu’il était compliqué de programmer au moins deux expressions faciales supplémentaires, n’est-ce pas Game Freak? Pour couronner le tout, le Motism-Dex, Pokedex habité par un Motisma, se révélera extrêmement lourd tout au long de l’aventure.

En ce qui concerne la Team, on est probablement face à la pire de toutes les itérations de Pokemon confondues. En plus de n’avoir aucune réelle motivation (même pas voler des Pokemon …) si ce n’est se comporter comme des racailles stupides, elle se révèle insupportable à travers ses dialogues et même sa gestuelle.

Enfin, la narration est ultra-convenue, on devine ce qu’il va se passer au moins une heure à l’avance pour chaque point d’intrigue, et les barrières invisibles ont de plus en plus de mal à être justifiées (bien que ce problème était déjà présent dans toutes les versions précédentes).

 

Conclusion

Il faudra désormais retenir Pokemon: Soleil et Lune comme les versions du changement. Beaucoup de nouveaux éléments ont été introduits, d’autres ont été perfectionnés, et on se retrouve ainsi avec un jeu au gameplay parfait, quoique trop facile. Cependant, sa longue durée de vie (l’aventure continue notamment après la fin de l’histoire principale) fera oublier cette facilité déconcertante et habituelle pour la série. En bref, comme chacune des itérations de la licence, Pokemon: Soleil et Lune vaut le coup d’être joué, rien que pour être émerveillé une nouvelle fois et retomber en enfance.

 

Brice Losson