Alors nous avions abordé la semaine passé son dernier film, Baby Driver, revenons sur la précédente œuvre d’Edgar Wright, Le dernier pub avant la fin du monde .
Cinq amis d’enfance se retrouvent par l’un d’entre eux pour tenter de terminer un challenge entamé plus jeunes : boire une pinte de bière dans chacun des pubs de leur ville locale. Mais au fur et à mesure que leur soirée avance, ils vont se rendre compte que leur petite ville n’est plus aussi paisible qu’autrefois…
Envisagé comme la dernière partie de la trilogie Cornetto (composée également de Shaun of the dead et Hot Fuzz ), The world’s end apparait néanmoins comme très différent de ses deux congénères. Si l’on retrouve certains de ses acteurs et une ou deux références (la blague de la palissade), il s’en dégage néanmoins quelque chose de bien plus amer. Est-ce dû à la personnalité régressive de Gary King, incarné par Simon Pegg ? Sans aucun doute, surtout quand on en apprend plus sur lui et ses actions passées. En tout cas, il faut reconnaître que l’on y retrouve moins la saveur douce d’une Cornetto, comme si celle-ci s’envolait tout comme son emballage avec le vent mais surtout les relents du passé.
Car le passé est bien évidemment au centre du récit. C’en est même le point central : jamais on ne peut retrouver les saveurs et les souvenirs de celui-ci. Ce message s’adresse d’abord aux personnages du film. Gary joue en effet sur la nostalgie pour retrouver ses amis d’enfance et appuie ses ambitions par un souvenir qui inaugurera d’ailleurs le film comme son aspect le plus lumineux. C’est pourtant en restant coincé aveuglément dans son passé que l’on n’arrive pas à avancer dans notre vie. D’où d’ailleurs une fin qui est assez éloignée du Happy End après mûre réflexion.
Ensuite, ce message s’adresse aux spectateurs-mêmes. En effet, beaucoup espéraient une vraie conclusion à la trilogie Cornetto , sachant que les films partagent un certain humour fort jouant notamment sur certaines références à la pop culture (références néanmoins ancrées narrativement de manière utile) et un ancrage britannique prenant. Néanmoins, cette trilogie n’en est une que par quelques liens et chaque film réagit différemment au précédent. Hot Fuzz était ainsi assez éloigné de Shaun of the dead en de nombreux points tandis que The world’s end ne raccroche certains points que pour exhorter ses spectateurs à ne pas trop s’accrocher au passé sous risque de manquer leur futur.
Il y a également la notion d’esclavage à une idéologie dans le récit de par son biais de science-fiction, abordant notamment la notion d’utopie par ce qui serait une dictature idéologique amenant néanmoins à une terre pacifiée. C’est un point passionnant et abordé plus en détail dans de nombreuses critiques qui peut d’ailleurs se raccrocher à la fin de Hot Fuzz pour cet aspect faussement pacifique (je vous conseille une nouvelle fois la passionnante vidéo du ciné-club de monsieur Bobine sur le sujet).
Au final, The world’s end est une comédie qui profite de la mise en scène d’Edgar Wright, l’un des metteurs en scène les plus talentueux du moment, tout en jouant sur un humour plus doux et amer qui peut amener à la réflexion sur le fait de laisser le passé de côté pour mieux avancer dans notre existence. Le futur est devant, il ne tient qu’à nous de le saisir.