Après les 12 millions de spectateurs du premier Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu? il était certain que la famille Verneuil ferait rapidement son retour sur les écrans. Mais si le premier volet ne se privait pas pour faire voler en éclat la gentille hypocrisie défendue par une certaine élite culturelle et politique déconnectée de la réalité pour distribuer les taloches en tous sens et multiplier les plaisanteries jouissives sur les travers largement répandus de nos contemporains, sa suite Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu? ne parvient pas à rééditer l’exploit. La faute à un recyclage des ingrédients sans vraie ambition pour renouveler un concept jamais dépassé.

On reprend les mêmes…

Souvenez-vous, le couple Verneuil composé de Christian Clavier et Chantal Lauby coulait des jours heureux à Chinon mais leurs 4 filles décidaient d’épouser non pas des fils de bonne famille comme ils l’auraient rêvé mais un juif, un arabe, un chinois et un noir. Sur une base volontairement caricaturale, le réalisateur Philippe de Chauveron ouvrait la boite de Pandore pour faire dire face caméra tout ce que tout le monde pense tout bas sans jamais oser le dire ouvertement sur grand écran. Et loin de choquer, Qu’est ce qu’on a fait au Bon Dieu? choisissait la voie du rire pour dégonfler la baudruche du racisme et aborder de front la question de la différence et la bêtise du communautarisme, avec un certain succès, trouvant un certain équilibre entre caricature et dénonciation des a priori. Je n’ai jamais caché mon enthousiasme pour le procédé, préférant voir un film au fait d’une réalité largement répandue plutôt qu’une vision angélique et mielleuse, je me devais donc d’aller visionner la suite, m’attendant néanmoins à rien de neuf. Et de fait, Qu’est ce qu’on a encore fait au Bon Dieu? ne fait pas vraiment dans l’originalité par rapport à son prédécesseur, l’effet de surprise est passé, les ingrédients sont repris presque à l’identique nonobstant un changement de perspective. C’est maintenant au tour de la France d’en prendre pour son grade car les 4 gendres décident de quitter le pays pour chercher une soi-disant meilleure qualité de vie ailleurs, donc ils ne se privent pas d’expliquer à quel point l’hexagone recèle de défauts rédhibitoires, passés au crible par chacun des gendres. Le procédé est toujours caricatural, les personnages sont les mêmes mais le film est finalement moins drôle. Outre la redite un peu scolaire du concept exploité dans le premier volet, c’est surtout dans le ton plus policé que le bas blesse. Le film reste drôle, la critique est parfois acide mais la mayonnaise ne prend pas vraiment car les inimités séculaires sont connues et jamais vraiment dépassées. Bokassa reste campé sur sa vision africaine, Claude Verneuil monte toujours autant les yeux au ciel, la fille dépressive est toujours dépressive. Quelques nouveautés sont incorporées mais elles sont par trop anecdotiques pour prendre une vraie ampleurs. Le film se regarde donc avec le sourire mais le sentiment que les producteurs ont senti le bon filon ne cesse de se cacher dans un coin de l’esprit du spectateur.

La comédie Qu’est ce qu’on a encore fait au Bon Dieu? va certainement trouver son public car le rire est au rendez-vous. Il ne faut cependant pas attendre une révolution, le réalisateur a trouvé la formule et demande à ses acteurs de réciter sagement leur partition.