Il était un temps où chaque nouveau film de Bertrand Blier était la promesse d’une bonne dose d’humour irrévérencieux, de situations surréalistes et de belles performances d’acteur. L’insolent duo Depardieu Dewaere dans Les Valseuses, le timide Michel Blanc écrasé par l’ogre Depardieu dans Trop belle pour toi, Bernard Blier devant la caméra de son fils dans Buffet Froid, chacune de ces références rappelle d’exquis moments de cinéma trash tels que le réalisateur savait en produire. Convoi Exceptionnel est à l’opposé complet. Dialogues sans fin, acteurs et actrices qui préfèrent éructer plutôt que de distiller leurs saillies, scénario exagérément surréaliste jusqu’à sonner faux. C’est un bide…
Plus si simple de faire du Blier, même quand on s’appelle Blier
Le film commence avec deux personnages qui se rencontrent à la faveur d’un embouteillage. Christian Clavier et Gérard Depardieu doivent suivre le fil d’un scénario mystérieux et s’y référer pour agir conformément à son déroulé. Qui l’a écrit, d’où vient-il, ils n’en savent rien. Un peu comme des acteurs sur le plateau d’un film, ils sont dépendants des désirs du réalisateur et doivent abandonner leur autonomie, sans n’avoir rien à dire. Le principe du film part sur cette base surréaliste et n’en décolle jamais pour un résultat alambiqué. Car les marionnettes font preuve d’un sens de l’initiative réduit à la portion congrue. Ils se transforment en automates, comme tout le reste du casting. Et sont immanquablement surpris par tout ce que le scénario les oblige de faire. Le spectateur est d’abord intrigué car l’alliance Blier Depardieu l’a rarement déçu. Mais là, force est de constater que la béquille du scénario mystère délivré par un mystérieux individu débarquant à l’improviste de sa voiture électrique a tout du handicap. Car l’intrigue n’avance pas, elle semble même tourner en rond, et l’ennui n’est pas loin. De là à penser que Bertrand Blier ne s’est pas trop foulé, il n’y a qu’un pas. Sur le papier, le scénario de la vie et de la mort, c’est inhabituel et plein de promesses. Sur l’écran, au milieu des pérégrinations somnambules au cœur de Bruxelles, il faut bien le dire, c’est rasoir. Alex Lutz, Audrey Dana et Farida Rahouadj, tous semblent perdus en suivant le texte d’un réalisateur obligé de rajouter 15 minutes pour que son film ne soit pas trop court. Signe de fainéantise? Au regard du film, on peut se poser la question…
Convoi Exceptionnel est une belle déroute cinématographique, en manque criant de peps, d’idée et de motivation. Tous les acteurs ont l’air en pilote automatique, c’est assez désespérant. La ligne surréaliste qui a si souvent réussi à Blier se perd et perd le spectateur avec elle.