La franchise Civilization est une référence en matière de jeu de stratégie. Chacun des épisode a su apporter son lot de nouveautés dans le gameplay au point que le cinquième opus, avec ses DLCs Gods and Kings et Brave New World, semblait être le pinacle de la saga. Complet et complexe, rien ne semblait pouvoir le faire vaciller de sa place de leader incontesté. Si ce n’est un autre Civilization : Civilization VI.
Des bases solides
Civilization fait partie de ces séries qui ne semblent pas fondamentalement évoluer d’épisode en épisode. En effet, depuis la sortie du premier jeu en 1991, les bases du jeu n’ont pas changées. Ce qui fait la singularité de chaque opus de la saga, c’est le lot de nouveautés et de modifications apporté. Dennis Shirk, responsable de la série Civilization, interviewé dans les pages du magazine JV #33 à l’occasion de la sortie du sixième opus, parlait d’ailleurs de la « règle des trois tiers : un tiers de features déjà existantes, un tiers de features améliorées, un tiers de nouvelles features ».
Pourtant, dès la première partie, Civilization VI semble être complètement différent de ses prédécesseurs. Si les bases du jeu reste les mêmes, à savoir emmener son empire le plus loin possible en se concentrant sur différents aspects de la gestion de ce dernier (religieux, militaire, économique, culturel et scientifique) avec un gameplay façon jeu de plateau, beaucoup de points de Civilization V ont été remaniés. Le mot d’ordre de ce nouvel opus sera : réalisme. Excepté pour le style graphique, qui, lui, est devenu cartoon.
Le souci de la cohérence
En effet, Civilization VI propose de pousser un peu plus loin chaque fonctionnalité de son prédécesseur pour rendre le jeu toujours plus stratégique et complexe. Le changement le plus important concerne l’aménagement de l’espace urbain. Là où, dans les anciens opus, la ville n’était qu’un amas de bâtiments et de merveilles sans réel prérequis de terrain, Civilization VI propose une gestion bien plus poussée de l’environnement de vos villes.
Premier point notable : la création de quartiers. Dans ce nouvel opus, il sera important de savoir quelle sera l’orientation de votre ville, et de créer les quartiers nécessaires en fonction. Par exemple, si vous vous dirigez vers une victoire scientifique, il sera important de créer un campus dans chacune de vos villes. Mais plus que les quartiers eux-mêmes, c’est l’emplacement de leur création qui est important. Un quartier scientifique rapportera par exemple plus de points de science s’il est situé près d’une montagne, de même qu’un quartier économique rapportera plus d’or s’il est placé près d’une ressource de luxe. La mise en place d’un environnement urbain soigneusement aménagé est donc indispensable pour gagner.
De la même manière, les merveilles respectent désormais des règles de placement. Impossible donc d’avoir les pyramides sans avoir un désert, ou Broadway sans quartier culturel. La localisation des quartiers et la géographie de vos villes fera donc varier la création des merveilles de manière significatives. Impossible donc d’empiler vos merveilles à l’infini sans réfléchir comme c’était le cas dans Civilization V, ce qui rend le jeu plus réaliste et vous incite à réfléchir dès le début de la partie sur la direction que doit prendre votre empire.
Stratégie appronfondie
Civilization VI donne également plus de personnalité aux leaders des différents peuples. Si Gandhi était devenu tristement célèbre dans Civilization V à cause de son bellicisme, ce genre de problème a été atténué dans le sixième opus. En effet, chaque dirigeant a sa personnalité propre et des objectifs distincts. À vous d’essayer de les respecter pour entretenir des relations stables, ou au contraire d’agir à l’encontre de ceux-ci pour manifester votre désaccord.
Cette refonte des personnalités rend le jeu à la fois plus difficile et stratégique, mais aussi plus juste, dans le sens où les raisons des dénonciations et guerres sont désormais justifiées. Il est en revanche dommage de voir que les I.A. n’aient pas été revus en même temps. Toujours un peu stupide dans les modes de difficulté trop bas et agressives dans les difficultés les plus élevés, l’équipe de Firaxis peine à trouver un véritable équilibre pour les adversaires, problème pourtant récurrent dans la série.
Outre les dirigeants, les personnages illustres ont également subis des changements. Si n’importe quel grand personnage d’une même classe était interchangeable avec un autre dans Civilization V, ce n’est plus le cas ici. Chacun d’entre eux possède un pouvoir différent, en fonction de la vie qu’il a vécu. Gustave Eiffel augmentera donc la production lors de la construction d’une merveille, tandis que Léonard de Vinci augmentera la culture produite par vos ateliers. Ce souci du détail est réellement appréciable et procure une implication plus importante dans la partie.
La politique, c’est pas automatique
Il est appréciable de constater que Civilization VI apporte beaucoup de nouveautés sur l’aspect politique du jeu. La gestion du gouvernement a bien évolué par exemple. Différents types de gouvernements sont disponibles au fur et à mesure de la partie, chacun laissant plus ou moins de place aux à des doctrines militaires, économiques et diplomatique. Il appartient donc au joueur de choisir celui qui lui convient le mieux en fonction du type de victoire qu’il souhaite accomplir. De plus, chaque gouvernement aura également une influence sur la suite de la partie, avec des bonus d’héritage, ce qui incite à construire une politique cohérente.
Les cités-états ont, elles aussi, été remaniées. Exit le système d’influence, dîtes bonjour aux émissaires que vous pouvez acquérir en remplissant des missions pour les cités-états. Le système parait plus juste qu’auparavant et à nouveau plus stratégique, puisqu’il est plus difficile d’obtenir des émissaires que de l’or (auparavant nécessaire pour gagner les faveurs d’une cité-état).
Il est en revanche désolant de voir que le dernier opus abandonne la victoire diplomatique de Civilization V, avec son système ingénieux de conseil diplomatique. Cette dernière est remplacée par la victoire religieuse, moins intéressante. Il aurait pourtant été agréable de voir les deux se côtoyer.
Conclusion
Civilization VI semble s’imposer comme l’un des meilleurs jeux de stratégie disponible sur nos machines. Complet et plus approfondi que ses prédécesseurs, le jeu fait de chaque partie une expérience unique donc le joueur décide de l’issue dès les premiers tours du jeu. Les quelques points noirs du jeu, notamment concernant l’I.A. et la victoire diplomatique, ne sauront en aucun cas gâcher l’expérience des joueurs. On peut néanmoins compter sur les futurs DLCs, souvent de bonne facture dans la série, pour améliorer ces quelques défauts. Bref, Civilization VI est là, et pour longtemps.
Brice Losson