Border Line est un huit clos crispant qui place un couple face aux agents retors de l’immigration américaine qui les interroge pour découvrir si les soupçons d’union arrangée sont bel et bien fondés. Alberto Ammann (inoubliable Pacho dans la série Narcos) et Bruna Cusi doivent répondre à des questions intimes, voire gênantes et intrusives dans une ambiance pesante, de quoi mettre mal à l’aise et faire germer la plante de la discorde dans le couple. Le film n’est pas très long (à pleine plus d’1h10) et met les spectateurs dans l’embarras.

Un couple à la croisée des chemins

Le couple vise à emménager à Miami pour une nouvelle vie. Elle est espagnole, il est vénézuélien, ils semblent filer le parfait amour. En apparence, les liens sont forts et la confiance règne. Sauf que les agents de l’immigration sont bien informés et dévoilent des éléments que le couple n’a pas échangés, d’où un malaise grossissant au fur et à mesure des révélations. Les réalisateurs vénézuéliens Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas chargent la barque. La femme est d’abord belliqueuse, mais elle se fait de plus en plus coopérative pour ne pas se mettre en porte-à-faux face aux agents. Lui fait d’abord profil bas et se soulève de plus en plus face aux accusations non voilées d’union arrangée. Car lui est vénézuélien, elle est espagnole et a gagné une Green Card à la loterie. Ne profite-t-il pas de la situation? Impossible de ne pas répondre aux questions des agents, même les plus sensibles, sous peine de se faire renvoyer manu militari en Europe. Les agents ont des têtes pas possibles, aucun sourire, des yeux vicieux, ils veulent découvrir la vérité à tout prix. La déstabilisation est leur meilleures arme et ils ne s’en privent pas, le spectateur se demande s’ils ont bien le droit de s’immiscer ainsi dans l’intimité des gens qui débarquent à l’aéroport. Mais ce sont les Etats-Unis, les agents ont tous les droits, la démocratie est à ce prix, à double tranchant, impossible d’appeler un avocat… ou la police. Le film devient politique en dévoilant les mécaniques de pouvoir et le principe d’autorité utilisé sans vergogne. Les agents immiscent le doute dans l’esprit de la jeune femme, elle se met à douter des sentiments de son compagnon, il est désemparé. Le film se déroule sur toute la durée de l’interrogatoire musclé à leur arrivée aux Etats-Unis. Ils ont atterri à New York et doivent rejoindre Miami, l’heure tourne, le risque de louper leur correspondance les agace, le spectateur se met également à stresser, le film est un cauchemar éveillé, aux Etats-Unis et non pas dans une dictature sud-américaine. Le film interroge en filigrane sur la politique du gouvernement Trump vis-à-vis du mur que l’ancien (et possible futur?) président souhaitait construire avec le Mexique. Le vénézuélien est-il vraiment au-dessus de tout soupçon?

Les joutes verbales remplissent une très grande partie du film dans une atmosphère de crispation continue. L’intrigue sert presque de prétexte à un exercice de style qui met tout le monde mal à l’aise, dans la salle et sur l’écran.

Synopsis:
Projetant de démarrer une nouvelle vie aux États-Unis, Diego et Elena quittent Barcelone pour New-York. Mais à leur arrivée à l’aéroport, la Police des Frontières les interpelle pour les soumettre à un interrogatoire. D’abord anodines, les questions des agents se font de plus en plus intimidantes. Diego et Elena sont alors gagnés par le sentiment qu’un piège se referme sur eux…