Je verrai toujours vos visages est un film aux résonnances forcément sociales. Des victimes de violence confrontées aux auteurs de violence (sans lien direct entre agressés et agresseurs), le concept n’est pas anodin et propose des plongées dans des esprits tourmentées. Entre justifications, prises de distance et dénis de réalité du côté des agresseurs, et traumatismes, incompréhension et remises en cause personnelles, le film propose un large panoramas de profils psychologiques.
Un film, pas un documentaire
Le film évoque le système mal connu de la justice restaurative, espace de dialogue permettant d’offrir aux personnes impliquées et qui souffrent des répercussions d’actions violentes la possibilité rencontrer d’autres victimes similaires. L’objectif est de questionner le pourquoi et le comment des actes malveillants. La réalisatrice Jeanne Henry (Pupille) cherche le réalisme et interroge sur 2 donnés mal connues: le fonctionnement du cerveau et le milieu de la justice. Elle s’est documentée sur le phénomène de libération des émotions par la parole, du côté des victimes de vols avec violence comme du côté des auteurs de vols, problématique sociale devenue banale mais pourtant aux effets ravageurs sur les victimes. Le seul souci tient au fait que ce sont des acteurs qui jouent victimes et agresseurs. Gilles Lellouche, Elodie Bouchez et Miou-Miou ont déjà joué dans Pupille. Ils jouent ici des rôles compliqués, mais ils les jouent, avec leurs tics d’acteurs/actrices, mettant malheureusement à distance les spectateurs avec les histoires. Difficile de ne pas mélanger histoire romancée et difficile réalité et de considérer avant tout jeu d’acteur/actrice plutôt que la dureté du propos. C’est le risque.
L’intention est louable mais mal retranscrite. Le film évoque des sujets très actuels, mais avec une mise en scène forcément scénarisée. Mettant à mal la démarche de la réalisatrice.
Synopsis: Depuis 2014, en France, la Justice Restaurative propose à des personnes victimes et auteurs d’infraction de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles comme Judith, Fanny ou Michel. Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…