Les réalisateurs danois déjantés ne manquent pas, mais si Lars Von Trier et Thomas Vinterberg s’accouplaient, leur progéniture s’appellerait certainement Christian Tafdrup.
L’énergumène vient donc d’accoucher d’un OVNI intitulé Speak No Evil, sorti discrètement en DVD et VOD fin 2022 chez nous.
Liam a rencontré ce drôle de personnage lors du BIFFF (Festival International du Film Fantastique de Bruxelles), foncez lire son interview ici : http://culturaddict.com/critique-christian-tafdrup-realisateur-de-ne-dis-rien-cest-normal-detre-hai-cest-seulement-un-film/

Le pitch : En vacances en Toscane, une famille danoise se lie d’amitié avec une famille néerlandaise, qui quelques mois plus tard les invite à passer un week-end chez eux. Mais ce séjour idyllique où se rencontrent la discrétion et l’extraversion va virer au cauchemar.

Les non-dits : thèse, antithèse et synthèse

Speak No Evil a fait sensation au festival de Sundance et on ne peut que déplorer l’absence de distribution en salles en France, tant ce film d’horreur atypique est intense et puissant dans sa réalisation comme dans son message.
Christian Tafdrup réussit un tour de force absolument inouï : instiller l’inconfort dès les premières secondes de son long-métrage – notamment grâce à une gestion du hors-champ intelligente et une bande-son qui déstabilise immédiatement – et ne jamais lâcher le spectateur, le malaise s’installant insidieusement et progressant irrémédiablement. Le résultat est un véritable cauchemar, une expérience éprouvante.
Une invitation anodine devient peu à peu un instrument de torture pour les invités mais surtout pour le spectateur. Le titre fait référence à Abel, fils muet de cet étrange couple de hollandais, au choc entre deux cultures à la fois si proches et pourtant opposées, mais surtout aux non-dits. Non-dits qui vont murer nos sympathiques danois dans une irréversible spirale de l’enfer et sceller leur destin.
En effet, le couple un peu bobo et coincé est de prime abord pris de court par la familiarité triviale de leurs hôtes, puis décontenancé et abasourdi tandis que l’angoisse que Tafdrup a réussi à injecter depuis le début du film se transforme peu à peu en horreur pure sous leurs yeux impuissants.
Le dernier segment du film, annoncé et attendu, n’en est pas moins d’une violence à glacer le sang et le final irrespirable.

Âmes sensibles, s’abstenir

Si vous aimez sortir de votre zone de confort, si vous aimez quand l’horreur psychologique confine à l’absurde, si vous aimez vous infliger 1h30 d’angoisse sourde et désespérée, alors Speak No Evil et son horreur indescriptible sont pour vous.
Si vous êtes dans une mauvaise passe, si vous sortez d’une semaine difficile, alors remettez le visionnage à plus tard.
Si vous êtes jeunes parents, suivez mon conseil et PASSEZ VOTRE CHEMIN !