Critique : Le Cinéma Heimat est fortement ancré dans l’histoire de la production cinématographique allemande, notamment par ses thématiques induites. On peut ainsi y voir une opposition entre un milieu rural plus apaisant et un milieu citadin plus marqué dans la perte de l’individu, apportant une vision assez passéiste socialement. Le nom Heimat même, comme écrit par Christian Lucas dans le livret accompagnant « La ville dorée », revient à une notion de foyer que l’on peut et veut retrouver, et ce même dans les bras de ses proches. Nous allons éviter la répétition avec ce qui est expliqué dans ce livret mais il nous paraît important de replacer ce statut au vu des thématiques au sein de « La fille au vautour » et « La ville dorée », pleinement orientés notamment par leur statut de production.

Les oppositions entre les deux titres sont plus formelles qu’autre chose. Ainsi, « La fille au vautour » exploite en permanence ses décors naturels avec une très belle photographie noir et blanc qui met pleinement en valeur son paysage montagnard. De son côté, « La ville dorée » profite de ses couleurs, par le biais de l’Afgacolor, pour en mettre plein les yeux de ses spectateurs, notamment dans sa représentation frénétique de la ville. Visuellement, ce sont donc deux œuvres remarquables qui tirent au mieux profit de leur imagerie et leur ancrage dans le mouvement Heimat.

Ce dernier impose néanmoins une certaine orientation narrative, ce retour à la nature s’imposant comme une célébration de la tradition et de son milieu paysager, quitte à en devenir anti-moderniste. Le second titre se voit évidemment plus parasité dans son histoire par sa production et les intentions du pouvoir en place, là où « La fille au vautour », adaptation d’un roman populaire, se voit plus porté par son message pour une nature réconciliatrice face à l’homme, relevant par moments du conte par son rapport au vautour. Cela n’empêche pas « La ville dorée » de trouver, par son clinquant visuel, un certain intérêt cinématographique.

En soi, « La fille au vautour » et « La ville dorée » sont des titres marqués par leur histoire tout en relevant de richesses visuelles respectives. Hans Steinhoff tire avec le premier une ode au monde montagnard et rural plus éloquent et moins parasité qu’un Veit Harlan qui use néanmoins de la technologie de l’Afgacolor à bon escient pour sublimer ses paysages et décors. Les éditions fournies par l’éditeur Artus permettent alors de s’intéresser à un cinéma qui sait mettre en avant ses visuels.

Résumé :

La fille au vautour –
1840, dans les Alpes du Tyrol, la jeune et jolie Wally est la fille unique d’un fermier. Elle travaille comme un homme pour aider son père et passe son temps libre dans les montagnes, tentant d’apercevoir Joseph, un chasseur, qu’elle aime en secret. Un jour, elle parvient à capturer un vautour, ce qui provoque le mépris de Joseph et l’admiration de son père. Ce dernier veut alors la marier à Vinzenz, un fermier voisin. Wally refuse et, chassée par son père, se réfugie dans les montagnes où elle va vivre avec son vautour.

La ville dorée –
Destinée par son père au fermier Thomas, la jolie Anna est attirée par les lumières de Prague. Se souvenant que sa mère, venant de la ville, s’est suicidée de désespoir suite à la contrainte de devoir vivre à la campagne, elle décide de tenter sa chance dans la ville dorée. Elle va vite devenir la proie de son cousin Toni, un jeune dépravé, qui va lui faire subir déshonneur et souillure.